Les premières Alexa sont chez TSF Caméra !

par Danys Bruyère

par TSF Caméra La Lettre AFC n°201

Nous avons profité de la période estivale pour faire un nombre d’essais et de validations. Nos évaluations, en interne, visaient à valider en priorité :
- La dynamique du capteur et la capacité à encaisser les hautes lumières
- La fiabilité colorimétrique
- La sensibilité, et l’absence de bruit, dans les basses lumières
- La qualité de la visée électronique
- L’ergonomie générale du système en configuration de tournage.
Nous présenterons les résultats de nos essais le 30 septembre, lors d’une soirée de lancement au Cercle Rouge. De plus, des essais réalisés par notre ami Vincent Mathias, AFC, et son équipe permettront de découvrir l’Alexa d’un point de vue différent et complémentaire.

Le premier commentaire qu’on peut faire, avec beaucoup de simplicité, est que l’Alexa est une caméra conçue pour nos métiers. Cette nouvelle caméra est une réelle évolution de la D21, en maintenant l’essentiel des atouts de cette dernière, tout en améliorant considérablement ce qu’on souhaitait voir se développer. Notamment, un système d’enregistrement embarqué, une ergonomie (beaucoup !) mieux adaptée à l’épaule et un réel gain de sensibilité qui se traduit par une absence de bruit à 800 ISO !

Dans l’attente de voir les résultats de ce nouvel outil, quelques observations techniques permettant de mieux apprécier le concept Alexa :
- Capteur CMOS ALEV-III 16/9e 23,76 mm x 13, 36 mm (pas encore de 4/3 pour objectifs anamorphiques)
- 3 168 x 1 782 pixels natifs (incluant le hors champ)
- Résolution en sortie HD : 2 880 x 1 620 (redimensionné en 1 920 x 1 080 pour l’enregistrement HD)
- Résolution en sortie RAW : 3 072 x 1 728 (pour conversion en 2 048 x 1 152 pixels en workflow 2K)

Sensibilité
La sensibilité optimale du capteur de la Alexa s’apparente bien aux environs de 800 ISO annoncés, si on devait le comparer à une émulsion argentique (ce qui n’est pas tout à fait juste). De plus, nous constatons que la dynamique maximale de la caméra se situe bien à 800 ISO, avec une répartition équitable entre le pied de courbe, le gris neutre et les hautes lumières. L’Alexa dispose de réglages allant de 160 ISO jusqu’à 1 600 ISO, gradués en 1/3 de diaph. Contrairement à la D21, les réglages ISO influencent réellement le rendu image, réagissant plus comme des différentes émulsions que son ancêtre, qui était " bloqué " à 200 ISO en mode Log.

Options d’enregistrement
La caméra propose un enregistrement sur cartes Sony SxS embarquées, facilement accessibles, disponibles en capacités allant jusqu’à 32 GB par carte. La caméra est équipée de deux emplacements. Étrangement, l’enregistrement ne peut pas, comme avec l’élégant système P2, passer d’une carte à l’autre. Cette limitation est sans doute liée à la structure des fichiers QuickTime que génère la camera. Espérons qu’Arri, avec Apple, trouveront une solution à ce problème ; ce serait dommage d’avoir à gérer les cartes qui sont montées sur la caméra, comme on le fait avec des chutes de pellicule.

Le ProRES est disponible en cinq différents débits sur la caméra. Le codec développé par Apple utilise un taux de compression variable, donc les débits d’enregistrements variables selon le type de plan tourné. Les valeurs indiquées sont des moyennes et sont notées à titre indicatif.

- Mode Proxy : enregistrement à débit très faible (36Mb/s), servant uniquement pour le montage, le pré-montage, lorsqu’un enregistreur externe est utilisé. Le ProRES LT est à 70 Mb/s, selon nous, aussi un format de montage ou de repérage. Malheureusement, on ne peut pas (encore ?) enregistrer des proxys sur une carte et des images à 330 Mb/s sur la seconde carte.

- ProRES 4:2:2 100 Mb/s ou 200 Mb/s : espace colorimétrique 10 bits, en mode LINéaire. Le débit de 200Mb/s est calculé sur la base de 30 i/s. En réalité, à 25 i/s, le débit est de 160Mb/s, légèrement supérieur au débit du HDCAM. Ce débit est donc plus qu’acceptable pour des images destinées à la télévision.
Cependant, contrairement aux caméras Sony, l’Alexa ne possède pas de réglages de gamma ou de matriçages, permettant d’affiner le rendu de la caméra en mode LIN. Les seuls réglages disponibles dans ce mode sont les réglages de sensibilité et les réglages de température de couleurs, ce qui risque de ne pas être suffisant pour certains chefs opérateurs.

- ProRES 330 Mb/s : enregistrement en HD 4:4:4:4 (et oui, un de plus, le 4e 4 indique l’échantillonnage de la piste alpha, supporté par le ProRES, surtout pour des applications de compositions d’images et d’effets spéciaux). Avec le mode 330 Mb/s, nous pouvons enregistrer soit en mode linéaire, soit en mode LOGarithmique.
Le mode LIN est échantillonné en 10bit (1024 graduations RVB), alors que le mode LOG est enregistré en 10 bits à partir d’un sous échantillonnage en 14 bits (16 384 valeurs RVB). La fonction LOG redistribue, de manière non linéaire, les informations de l’échantillonnage, optimisant le rendu des zones de sous et de surexposition, comme l’œil humain le fait. Le débit moyen du ProRES 330, à 24 i/s, est de 264 Mb/s.

En réalité, une carte 32 GB, en ProRES 330 a 24 i/s = environs 14 minutes d’autonomie, soit un peu plus qu’un magasin de 300 m en 3perf.

Nous espérons vivement que Arri fournira un système d’enregistrement embarqué supplémentaire à celui des cartes SxS avec, notamment, un système sur disque dur SSD (solid state drive) qui permettra plus d’autonomie que les cartes SXS, coûteuses et pas très rapides lors du transfert vers d’autres supports.

Pour les besoins de gestion et de stockage des données après tournage, il est important de prendre en considération que les temps de transfert d’une carte vers un disque externe type FireWire 800 ou eSATA sont, en ProRES 330, d’environs deux tiers du temps réel, c’est-à-dire qu’une heure de rushes se transfèrent vers un disque externe en environs 40 minutes.

- Pour les besoins les plus exigeants, il est possible d’ajouter un " magasin externe " de type S-Two OB1, Codex Mini, ou autres et d’utiliser le mode T-Link de la caméra pour enregistrer du RAW non compressé sur mémoire externe.

  • Le mode RAW nécessite obligatoirement un enregistreur externe à la caméra.

Vitesses d’enregistrement
- De 0,75 à 30 images/seconde en enregistrement Apple ProRES sur cartes SxS internes. Il est prévu qu’on puisse enregistrer jusqu’à 60 i/s avec le ProRES interne, mais sans doute en augmentant la compression
- Jusqu’à 60 images/seconde avec un enregistreur externe
Sorties 23,98, 24, 25, 29,97, 30, 50, 59,97 et 60 i/s (fps) via les sorties HD de la caméra, selon les spécifications de l’enregistreur HD
Les variations de vitesse seront supportées dans un future proche (2011)
- 0,75 i/s à 60 i/s via T-Link en mode RAW, selon spécifications du système d’enregistrement RAW.

Visionnage et cadrage
- Viseur Électronique Haute définition (1280 x 720 pixels) avec affichage des différents formats
- Zone hors champs visible dans le viseur
- Zoom viseur pixel par pixel pour la mise au point critique
- Sorties HD-SDI 4:2:2 pour monitoring (pas de sortie PAL !) avec zone hors champ pour cadrage " remote "
- Sorties HD-SDI 3Giga 4:2:2 et 4:4:4 pour monitoring et enregistrement HD ou RAW (à venir)
- Gestion des LUT de visionnement annoncés, mais pas encore active.
- Visionnement des prises enregistrées annoncé, mais pas encore activé.

Nous sommes toujours en attente d’une confirmation de Arri sur l’éventuelle version Alexa avec visée optique qui avait été annoncée lors du lancement de la caméra au Micro Salon 2010.

Alimentation électrique
Consommation électrique sans enregistrement, sans accessoires sauf viseur : 75 W
Avec enregistrement 4:4:4:4 sur cartes SxS : 90 W. Cette forte consommation nous oblige à utiliser des batteries ceinture et des blocs dès que possible. Une batterie 140W/heure neuve ne durera qu’un peu plus d’une heure. Une batterie V-Lock standard qui a un an d’âge dure à peine 15 minutes.

Voltage : la caméra accepte de 11 à 34 Volts, mais avec une forte préférence pour des batteries de 26 à 30 V.

L’Alexa offre des sorties accessoires 12 et 24 V indépendamment de la source d’alimentation. Ceci nécessite évidemment une gestion particulière des batteries et des alertes (paramétrables).

  • La caméra est équipée d’un système de gestion de deux batteries simultanées, permettant par exemple de mettre une batterie 12 V V-Lock pour l’épaule et d’alimenter par une ceinture en 24 V quand on la met sur pied, sans interruption de la caméra. La batterie la plus puissante prendra automatiquement le relais.

Poids
Corps + viseur + bloc support décentrement : 8,7 kg, soit approximativement le poids d’une Arricam LT ou d’une Penelope avec un magasin de 122 m
Version Steadicam avec semelle accroche rapide : 6,7 kg.

Le seul regret que je puisse exprimer par rapport à ce nouvel outil très complet, c’est qu’une fois équipée de tous les accessoires devenus " indispensables " aux opérateurs et assistants, nous nous retrouverons encore une fois avec un nœud de câbles tout autour de la caméra. Arri, avec son savoir faire et sa capacité à forger des partenariats avec d’autres constructeurs, devrait trouver une solution pour intégrer le LDS, le Cinetape, l’émetteur sans fil, le downconverter, etc., dans des modules qui s’intègrent parfaitement à la caméra, avec des connectiques intégrées aux châssis et aux accessoires, comme ils l’ont fait en partie avec le " speed control " ou le LDS de l’Arricam. Il faut qu’à terme, on arrive à trouver une solution pour se libérer de tous ces câbles qui continuent de nous polluer la vie.

Nous tenterons de faire un complément d’informations sur l’activation des nouvelles fonctionnalités dès que des options importantes deviennent disponibles.

Au plaisir d’en parler de vive voix avec vous fin septembre.