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Requiem pour une salle de cinéma
par Jean-Pierre Mocky

Le Brady est mort au combat des artistes et artisans perdus.
La salle mythique du boulevard de Strasbourg à Paris, la salle culte des années 1950, après un pneumothorax opéré par Jean-Pierre Mocky de 1994 à 2002, a rendu son âme de cinéphile le 15 octobre 2002.

Soignée par les médecins du Malade imaginaire (le ministère de la culture, la Mairie de Paris et le Centre national de la cinématographie), la malade a reçu des médications qui n’ont pas fait de miracle.
Ces médecins (de droite ou de gauche) ont laissé à leurs "subordonnés" le choix des remèdes. Jamais un grand patron, un puissant, n’a daigné recevoir le porte-parole de la malade. Des occupations plus importantes les accaparaient (dîner par-ci, gala par-là, etc.).
Pas une minute pour recevoir le messager du Brady.

Je vais épargner au lecteur la fastidieuse liste des demandes, tergiversations, promesses faites et non tenues, des retards dans les réponses, des courriers énigmatiques et vains.
Sans doute les puissants se justifieront en contre-attaquant, expliquant qu’ils ont tout fait pour sauver la mourante. Ce qui est faux. Je pourrais le prouver.

Le Brady va devenir un supermarché de cosmétiques. Le Kinopanorama va devenir un restaurant.
Le Scala est devenu le siège d’une secte.
Bientôt, le cimetière des cinémas défunts comptera d’autres tombes.
Exsangue, incompris, oublié, le Brady rend son dernier soupir.
Soupirent avec lui : Jean-Pierre Mocky, qui a sué sang et eau pour prolonger son existence, ses fidèles employés, ses fidèles spectateurs.

Requiescat in pace !
Vive les puissants !
Vive les ministères !
Vive le Centre national de la cinématographie !
Et vive Paris !
Amen.

"Le Monde", 15 octobre 2002

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