Parution de "L’ADN du récit", un essai de Frédéric Serve, AFC

Contre-Champ AFC n°346

L’ADN du récit, de Frédéric Serve, AFC, paru aux éditions Vérone, est un essai dédié à l’écriture du récit cinématographique. Quelles sont les relations profondes qui relient ce que le personnage doit entreprendre (l’intrigue "externe") et les changements que le personnage doit opérer pour y parvenir (l’intrigue interne) ? Cet essai approche de la façon la plus pragmatique possible l’analyse du récit dramatique selon un modèle de pensée, le modèle de la molécule ADN.

« Mon travail personnel dans le milieu du cinéma m’a confronté à la nécessité de participer à la réécriture des scénarios sur lequel je travaillais comme co-scénariste. Une telle réécriture demande avant tout de comprendre le projet en question, c’est-à-dire son fonctionnement interne, intime.
Par la suite, le travail de réflexion sur le fonctionnement d’un récit est devenu un objectif naturel, d’abord intellectuel, puis davantage tourné vers la pratique. C’est ce travail de compréhension du fonctionnement narratif que j’ai amplifié et augmenté au fil des années.
L’intérêt de se fixer un tel modèle est d’ouvrir la réflexion. Il permet de mettre à bas des obstacles liés à l’habitude. Il permet aussi de sortir d’un raisonnement qui suivrait un modèle unique et, peut-être de se débarrasser des "obstacles épistémologiques", en devenant une proposition complétant celles d’autres théoriciens sans les concurrencer. »

Extrait...
« Pour le dire de la façon la plus simple (et, je m’en excuse, un rien caricaturale), on peut aisément scinder l’univers des récits en deux : la chronique et le récit dramatique. Il ne s’agit pas d’opposer l’un à l’autre. Foudroyons tout de suite l’ambiguïté du terme "dramatique" : il ne s’agit pas de l’acceptation usuelle du mot (triste, chargé de désespoir même : « c’est dramatique ce qui m’arrive »). Disons que le récit dramatique s’organise en différentes étapes reliées entre elles par des liaisons logiques (mais, donc, or, car…).
Par exemple : un personnage est dans une certaine situation au début du récit MAIS quelque chose arrive, OR il n’est pas seul, DONC etc. On le voit, une comédie peut fonctionner selon ce process dramatique.
La chronique, elle, s’organise plutôt par association, par une sorte de coordination de sous-ensembles. Souvent portée par un fil narratif simple qui sert quasiment de prétexte, la chronique propose des événements qui se suivent portés par une seule coordination (ET). La chronique ne propose pas ou peu de liaisons logiques (même si elle n’en est pas dénuée, comme chez Jim Jarmusch par exemple). Elle suit souvent le personnage principal comme étant le révélateur d’une situation, ou bien révélateur d’autres personnages secondaires.
La chronique est un sujet d’analyse en soi.
Le récit dramatique également.
Cet essai approche de façon la plus pragmatique possible l’analyse du récit dramatique. »

L’ADN du récit, de Frédéric Serve
Paru le 11 avril 2023
Vérone Éditions
126 pages