Décès de François Weulersse, compagnon de route de Jean-Pierre Beauviala et des caméras Aaton

16 août 2023 - Modifié le 16/08 Contre-Champ AFC n°346

Nous avons appris avec tristesse la nouvelle du décès de François Weulersse, entouré des siens à Saint-Martin-d’Hères (Isère), le mardi 25 juillet 2023 à l’âge de 91 ans. Il fut, au côté de Jean-Pierre Beauviala, l’un des fondateurs d’Aaton, fabricant des caméras inspirées du "chat posé sur l’épaule", et, jusqu’à sa retraite, en 1996, directeur commercial de l’entreprise.

François Weulersse intègre la RTF (Radio Télévision Française), en 1959, en tant qu’assistant à la prise de vues et à la prise de son, pour, entre autres, "5 colonnes à la une", jusqu’en 1962, puis en tant qu’administrateur technique chargé du matériel de tournage des actualités télévisées. Il devient l’un des interlocuteurs du fabricant Eclair avant d’intégrer cette société comme conseiller technique pour l’étude de marchés auprès de la direction commerciale d’Eclair International.
Il y rencontre Jean-Pierre Beauviala et le suit à Grenoble, en 1971, pour fonder avec lui, et avec Robert Leroux et Jacques Lecœur, la société Aäton. Société dont il deviendra le directeur commercial jusqu’à sa retraite, en 1996.

**François Weulersse pendant sa retraite**

Pour qui fréquenta Aäton pendant ces années d’effervescence inventive, François en fut un personnage incontournable. Certains se souviennent de son sourire, d’autres de ses cigares Toscani, et, pour beaucoup, son écriture si reconnaissable reste ancrée dans les mémoires.
Mais à tous il laisse surtout le souvenir d’une personne généreuse, privilégiant avant toute autre chose la relation humaine.

Le jour de son départ d’Aäton, il avait offert à chaque employé, outre les huitres et le champagne indispensables à la fête, un petit livre à 10 francs, traitant de l’amour et de l’amitié...

(Merci à Pierre Michoud, d’Aaton Digital, auteur de ces lignes et qui nous a procuré les photos !)

Extrait d’un entretien avec Jean-Pierre Beauviala, sur le fonctionnement de l’entreprise Aaton, par Alexia de Mari, publié en 2019 par Création Collective au Cinéma.
« À la Photokina de 1970, à Cologne, on m’annonce que je suis renvoyé [Jean-Pierre était ingénieur conseil chez Éclair - NDLR]. Ils ont décidé de ne pas acheter le single system et de fermer le bureau d’études à Grenoble. Je me dis alors que j’allais conserver le local et les techniciens que j’avais embauchés pour Éclair, qui allaient du coup être renvoyés aussi. C’est ainsi qu’Aaton a été fondé, dans les locaux et avec les gens d’Éclair. J’avais dit aux personnes qui travaillaient dans ce laboratoire « si vous trouvez du travail, allez-y, prenez, sinon attendez et on va créer Aaton. » Avec moi, il y avait l’assistant du directeur commercial d’Éclair, nommé François Weulersse, qui avait suffisamment de connaissance pour savoir comment on devait s’y prendre pour vendre une caméra dans le monde. C’était très important. Ils nous ont laissé les tables et les fauteuils qu’on avait dans le bureau d’étude, on peut dire que la structure de base était là.
« Lorsque les employés qui travaillaient au bureau d’études mécanique d’Éclair, à Paris, ont su que j’avais été renvoyé, et que c’était le début du déménagement d’Éclair de Paris vers Londres, ils ont commencé à s’inquiéter pour leur futur. Quand ils ont vu que le jeune Beauviala était en train de réagir en montant sa propre structure, le staff mécanique est venu à Grenoble. C’est à ne pas croire, ces gens qui quittent la région parisienne, avec leur famille pour s’installer avec une petite boîte qui débute. Mais ils avaient quand même conscience que tous les éléments étaient réunis pour que ça fonctionne : moi à la recherche, Hugues Vermeille, François Weulersse, Jacques Lecœur (celui qui avait dessiné l’Éclair 16) qui a emporté avec lui son prototypiste Robert Leroux. Donc tout à coup, à Aaton, il y avait les meilleurs d’Éclair, en quelque sorte. »

Lire l’entretien en entier sur le site de Création Collective au Cinéma.