Heure noire chez Quinta

Par Philippe Loranchet

La Lettre AFC n°216

Ecran total, 16 décembre 2011
Ouverts en 1935, les laboratoires LTC sont sur le point de fermer leurs portes. Une menace qui pèse également sur les autres sociétés de Quinta Industries, telles Duran, Scanlab et SIS, que contrôle Tarak Ben Ammar.

Alors que Quinta Industries était en redressement judiciaire avec une phase d’observation de six mois, l’administrateur judiciaire a soudain décidé la liquidation du groupe – qui comprend notamment LTC, Scanlab et SIS –, au 15 décembre. C’est la douche froide pour les 115 salariés de la société, qui venaient de voter favorablement un plan social concernant 80 personnes.
Tarak Ben Ammar avait bien promis de confier les travaux de restauration numérique de 500 films de son catalogue aux sociétés de son groupe, mais, au final, le travail de restauration n’aurait plus concerné qu’une cinquantaine de films, pour un montant total de 750 000 euros ! C’est très loin du compte pour l’administrateur, qui aurait demandé 3 ME à l’actionnaire pour poursuive l’activité, sachant que les dettes sociales du laboratoire s’élèveraient à 10 ME.

Pour se faire entendre, les salariés ont immédiatement occupé les locaux et bloqué le tirage de 140 copies 35 mm de Hugo Cabret, que son distributeur, Metropolitan, fait finalement tirer chez Technicolor à Rome. Dimanche, les salariés ont accepté une prime exceptionnelle de 9 000 euros de la part de leur actionnaire. Les terrains que Quinta Industries possède à Saint-Cloud, et sur lesquels sont situés les laboratoires, seraient évalués à 14 ME. Ils seraient au cœur des tractations sur le sort du groupe. Quant à Duran, la filiale d’effets visuels du groupe Quinta Communications, l’administrateur a donné jusqu’au 15 décembre à d’éventuels repreneurs pour se faire connaître. Mikros indique s’être renseigné, alors que circule également le nom d’Euro Media Group. De leur côté, en tout cas, ni Buf ni Digimage ne sont intéressés. Le tribunal annoncera sa décision le 20 décembre prochain.

Du côté de Mikros et de Digimage, c’est en tout cas l’effervescence. La douzaine de producteurs ayant des projets en cours au sein du groupe de Tarak Ben Ammar chercheraient une solution de repli. A quelques jours du clap final, c’est un sentiment de gâchis qui prévaut chez les salariés : « Nous recevons beaucoup de messages de soutien de nos clients et de chefs opérateurs, constate une représentante du personnel chez LTC. C’est vraiment à croire que notre actionnaire et l’administrateur ne tiennent absolument pas compte de nos clients. » Pour l’instant, l’activité de Quinta Industries est au point mort, alors que restera à définir également le sort des centaines de milliers de bobines de films entreposées dans le stock du laboratoire, à la valeur patrimoniale incalculable.

(Philippe Loranchet, Ecran total, 16 décembre 2011)