Mémoires de recherche ENS Louis-Lumière Cinéma 2023 disponibles en PDF

Contre-Champ AFC n°351

Des mémoires de fin d’études de la spécialité Cinéma de l’École nationale supérieure Louis-Lumière, promotion 2020-2023, soutenus en juin et novembre – à la fois somme de travail et mine de renseignements –, certains sont désormais disponibles sur le site Internet de l’École. Entre autres directeurs de mémoire, six directeurs et directrice de la photographie, dont quatre membres de l’AFC, et un chef électricien ont codirigé cinq de ces mémoires de recherche appliquée dispononibles.

Anton Belyakov
"Le pilotage numérique de la lumière sur les plateaux de cinéma : nouveaux outils et nouvelles compétences"
Directeurs de mémoire : Laurent Stehlin, enseignant, et Benoît Jolivet, chef électricien
Partie pratique : Retour d’expérience de tournages, Foutu Cormoran - A nos ivresses - Rouge

Présentation : L’émergence de la LED dans l’éclairage cinématographique conduit à une utilisation croissante du pilotage numérique de la lumière sur les plateaux de tournage. Les cheffes électriciennes intègrent des consoles empruntées au spectacle vivant à leurs installations, tandis que de nouvelles technologies viennent enrichir leur palette d’outils. Les compétences associées à ces postes évoluent vers une maîtrise informatique et une gestion avancée de réseaux. L’organisation de l’équipe lumière est amenée à être repensée, et il est également essentiel d’intégrer d’autres acteurrices dans la dynamique des plateaux. Pour une cheffe opérateurrice ou une cheffe électricienne, il est primordial de comprendre ces outils afin d’appréhender de nouvelles possibilités esthétiques tout en connaissant leurs limites. Ce mémoire de recherche dresse un état des lieux de ces technologies et de leurs usages actuels. Il est essentiel d’assimiler que l’usage d’outils qui n’ont pas été pensés pour le cinéma soulève de nouveaux enjeux techniques.
Lien vers le mémoire en PDF

Jason Boussioux
"Les lumières colorées, les enjeux narratifs, esthétiques et techniques d’un éclairage "néon" au cinéma."
Directrice et directeurs de mémoire : Giusy Pisano, enseignante, Jean-Marc Fabre, AFC, et Nicolas Pleskof, réalisateur

Présentation : L’utilisation d’éclairages colorés au cinéma est devenue très populaire ces dernières années. Qu’elles soient rouge vif, bleu glacial, vertes, jaunes ou roses ; qu’elles émanent d’éléments de décors, de sources diégétiques ou non, ces lumières vibrantes évoquent la lueur de néons perçant l’obscurité et sont pour les films partisans d’une telle esthétique la garantie d’une identité visuelle forte. Se situant à l’intersection de divers genres cinématographiques, du giallo au néo-noir, et naviguant entre des styles naturalistes et expressionnistes, ces images captivantes demeurent cependant rares dans un paysage cinématographique majoritairement dominé par la lumière blanche et les couleurs de surface. Pourquoi cette rareté, et dans quelles mesures le signifiant néon est-il pertinent pour caractériser l’esthétique de ces films ? Ce mémoire se propose d’explorer ces questions en analysant les affects de la couleur, l’évolution des techniques d’éclairage coloré au cinéma, en examinant leur impact dans la représentation de la nuit, la métropole nocturne et leurs métamorphoses. Retraçant l’histoire lumineuse des enseignes au néon tantôt oniriques et majestueuses, tantôt criardes, de Paris, à Las Vegas en passant par Hong Kong et Los Angeles, l’étude portera en point d’orgue sur la pertinence de l’expression "esthétique néon" et tentera une définition du sous-genre auquel celle-ci pourrait être liée.
Lien vers le mémoire en PDF

Hector Cabel
"Créer de l’étrangeté : enjeux d’espace et de lumière"
Directrice et directeur de mémoire : Giusy Pisano, enseignante, et Manuel Dacosse, SBC
Partie pratique : Les encombrants et Nourrir les animaux

Présentation : Faire émerger d’une image une sensation d’étrangeté relève d’un désir de déranger, d’intriguer et de questionner le spectateur. Le cinéma permet de déplacer les frontières du merveilleux, de faire du monstre une figure familière et de rendre étranger un lieu familier. Ce mémoire se propose d’explorer le concept même d’étrange pour essayer de donner un contenu à ce terme polysémique. Généralement, nous qualifions d’"étrange" tout phénomène qui échappe à une explication rationnelle, qui crée une distance entre ce que nous croyons savoir et ce que notre perception nous révèle. L’étrangeté est une indétermination de notre perception, un élément qui déstabilise notre rapport au réel et qui permet de s’ouvrir à de nouveaux univers, aussi fantastiques et merveilleux qu’ils puissent être. L’étrangeté est phénoménologique : elle n’a d’existence que dans l’expérience que nous en faisons. Néanmoins, comment ne pas succomber au relativisme d’une telle définition ? N’existe-t-il pas des normes techniques (de compositions, de couleurs, d’éclairage) relatives à notre perception (et sans aucun doute liées à notre culture) dont l’étrange se joue ? Créer une sensation d’étrangeté relève d’une construction narrative, certes, mais est-il possible de lui associer des techniques particulières ?
Lien vers le mémoire en PDF.

Inès Clivio
"Aimer des films qui ne m’aiment pas - Relecture féministe de l’histoire de la cinéphilie française pour repenser son regard critique et sa pratique de cinéma."
Directeur et directrice de mémoire : Michel Marx, scénariste, et Héloïse Pelloquet, monteuse et réalisatrice

Présentation : S’il est désormais admis dans l’art que la perspective est une interprétation du réel et non sa représentation objective, il est encore difficile de formuler en France un tel raisonnement sur l’influence du genre (masculin ou féminin) sur les productions culturelles. L’universalisme français dont la cinéphilie se prévaut serait neutre, et le féminisme partial. Mais si nous postulions que l’universalisme est également partial ? Que loin d’être neutre, il est le produit d’une norme masculine et hétérosexuelle ? Et que s’il n’est jamais questionné, il continuera d’effacer d’autres imaginaires ? Dans ce mémoire, je propose de relire la cinéphilie à l’aune de ce postulat : comment la grille de lecture de la cinéphilie a empêché d’autres formes d’analyse d’exister (de genre, culturelle) ; comment différents schémas de domination ont été perpétués à travers les siècles et les arts, puis reconduits dans les films aimés par la cinéphilie jusqu’à aujourd’hui. Comprendre finalement pourquoi une majorité de films ne m’a très longtemps pas “regardée”, moi et beaucoup d’autres femmes. Mais aussi comment certains films aujourd’hui me regardent.
Lien vers le mémoire en PDF

Max Decamps
"Comprendre le flou optique. À la recherche d’une meilleure maîtrise du flou au profit de l’image cinématographique"
Directeur(s) de mémoire : Pascal Martin, enseignant, et Martin Roux, AFC
Partie pratique : L’immatériel danse

Présentation : Le flou m’a toujours passionné. Source infinie de création esthétique, c’est un élément indissociable à la narration cinématographique. Au fil des années que j’ai passées à étudier des images et à en produire par moi-même, je me suis toujours posé des questions concernant l’origine de ce flou, et les moyens de modifications dont on dispose en tant que cheffe opérateurrice. Dans ce mémoire, je chercherai à analyser quels sont les éléments qui influencent de manière directe et indirecte le flou optique, mais aussi quels sont les moyens dont nous disposons pour anticiper et mesurer la formation de ce flou. Le flou est un outil dans la création, et son utilisation peut être délicate. Il est important de bien comprendre son origine pour mieux l’utiliser au service de la narration. Nous étudierons donc dans un premier temps la formation du flou au sein de notre image cinématographique, ainsi que les notions importantes qui en découlent (profondeur de champ, hyperfocale, cercle de confusion). Nous nous intéresserons par la suite aux outils dont nous disposons pour analyser et quantifier le flou/net optique dans le but d’anticiper la formation de celui-ci sur notre surface photosensible. Enfin, nous aborderons une palette d’éléments cinématographiques qui nous permettent en tant que cheffe opérateurrice de moduler avec finesse ce flou optique, vecteur incontestable de créativité. Notre réflexion s’appuiera sur des schémas pour mieux comprendre la formation du flounet de profondeur1, d’images issues de tests ou de films illustrant les recherches floues des cheffes opérateurrices rencontrées, ainsi que des images tirées de ma partie pratique de mémoire pour vous présenter mon approche de ce flou optique.
Lien vers le mémoire en PDF

Hadrien Fauré
"Transitions troubles vers les rêves et hallucinations des personnages"
Directeur(s) de mémoire : Giusy Pisano, enseignante, et Patrick Duroux, AFC
Partie pratique : À nos ivresses

Présentation : Les tentatives de représentation des rêves et hallucinations traversent l’histoire de l’art. Cette étude vise à explorer certains des procédés de représentations mentales permis par les moyens spécifiques du cinéma, en s’intéressant au cas particulier des transitions troublant les frontières entre la réalité diégétique et l’espace mental. Nous étudierons particulièrement le développement de points de vues qui permettent ce trouble, ainsi que l’utilisation de l’espace comme territoire mental. Ce travail se concentre particulièrement sur trois films qui emploient ces aspects : Juliette des esprits (Federico Fellini, 1965), Twin Peaks : Fire Walk with Me (David Lynch, 1992) et Black Swan (Darren Aronofsky, 2010).
Lien vers le mémoire en PDF.

Elisabeth Jolly
"Qui se souvient dans Sans soleil ? Étude narratologique de l’énonciation de Sans soleil (Chris Marker, 1983) et identification du rôle de la subjectivité du spectateur au sein du récit."
Directeurs de mémoire : Michel Marx, scénariste, et Emmanuel Gras, directeur de la photo et réalisateur
Partie pratique : Trahison d’un homme déguisé

Présentation : Nous nous proposons ici de défendre l’inclusion des instances narratives textuelles au cinéma (la voix-over et les intertitres) en tant qu’instances narratives fondamentales de l’énonciation cinématographique. L’analyse de la proximité qu’entretiennent ces instances avec le narrateur anthropomorphe littéraire aura pour but d’isoler l’espace trouble que leur présence matérialise au cinéma. L’enjeu de ce projet de recherche sera de définir la nature, l’étendue et les caractéristiques exactes de cet espace, que nous appellerons "tiers-lieu". L’étude du cas de Sans soleil (Chris Marker, 1983) nous permettra de montrer que le tiers-lieu se définit comme tout ce qui, du film, n’est pas sa diégèse. Elle nous permettra aussi de montrer que la réception subjective de Sans soleil par le spectateur est avant tout liée au statut narratif de ce dernier, qui s’apparente à un énonciateur à part entière du film.
Lien vers le mémoire en PDF

Elsa Poupon-Rivière
"Peaux de velours. La texture des visages dans le cinéma de fiction, de la représentation à l’incarnation"
Directeur(s) de mémoire : Pascal Martin, enseignant, Jean-Marc Fabre, AFC, et Agnès Godard, AFC
Partie pratique : Interface de comparaison de rendu de la texture du visage

Présentation : La texture joue un rôle crucial dans la représentation des visages au cinéma. Elle est formé e à la fois par le sujet filmé et les outils techniques utilisés. Cette texture est essentielle pour créer une connexion sensible avec le visage représenté à l’écran. Cependant, le cinéma est souvent obsédé par l’idéal de beauté plastique, cherchant à présenter des visages lisses et parfaits. Nous approchons d’abord le sujet par l’analyse des textures dans Le Narcisse noir (1947), ce qui nous permettra une approche des divers outils impliqués tels que le cadrage, l’éclairage, le maquillage et les filtres. Une exploration pratique permettra de mieux comprendre ces différents facteurs et leur interaction. Dans la seconde partie, le passage au numérique et ses implications sur la texture des visages seront abordés. On se demandera comment la captation numérique affecte le rapport au visage et les nouvelles approches possibles de la texture. Puis nous verrons les manipulations possibles et leur effet sur l’incarnation.
Lien vers le mémoire en PDF.