Mon frère se marie

Jean-Stéphane Bron vient du documentaire et il souhaitait aborder cette première fiction avec l’approche du documentariste. La durée confortable du tournage (11 semaines), la souplesse du plan de travail (disponibilité des acteurs) et les choix techniques (HD) ont favorisé la légèreté nécessaire à cette méthode de travail.

Le format HD étant l’un des impératifs techniques incontournables induit par les contraintes économiques du film, le choix du ratio fut le sujet de nos premières discussions. Jean-Stéphane tenait à tourner son film au format 2,35. J’étais soucieux du rendu de ce format une fois le retour au film effectué : tourner au ratio 2,35 sur une caméra HD nous condamnait à n’utiliser que 75 % d’une cible 16/9^e déjà petite... Je me suis alors intéressé à l’intermédiaire ACV-235 développé par Canon qui permet une anamorphose de rapport 1,32 adaptant ainsi l’image Scope à la totalité de la cible 16/9^e. J’ai finalement abandonné cette idée à cause de la perte importante de luminosité liée à ce dispositif, à cause aussi de la délicatesse du calage qui est déjà suffisamment problématique en HD et, enfin, à cause du poids et de l’encombrement d’une caméra ainsi équipée pour le tournage d’un film qui devait se faire essentiellement à l’épaule.

Nous fîmes des premiers essais avec retour au film. Le résultat était concluant.

Je dois à cette occasion rendre hommage à Patrick Lindenmaier (Andromeda Films) pour sa précieuse collaboration. Il fut le conseiller technique à toutes les étapes de la fabrication de ce film. C’est avec lui que nous avons fait les " presets " de la caméra (Sony HDW 750p), c’est aussi lui qui a étalonné le film et c’est lui enfin qui a supervisé le retour sur pellicule. Sa bienveillance et son talent nous ont permis de franchir toutes les étapes de la fabrication du film avec confiance.

Notre choix de légèreté a paradoxalement contribué à alourdir notablement la caméra pour la rendre totalement autonome. Une forêt d’antennes la hérissait pour envoyer et recevoir différents signaux HF :
- Commande de point à distance
- Retour image Titan vers le moniteur Transvidéo du réalisateur
- Envoi du Time-Code de la caméra vers le Cantar (pas de clap)
- Réception d’un son bi-piste du Cantar (rushes directement synchrones)
Un moniteur/oscilloscope Panasonic BT-LH900 accroché sur la poignée de la caméra facilitait un coup d’œil permanent sur le signal enregistré. Un Easy-Rig permettait de supporter l’ensemble pendant de longs moments sans trop souffrir du dos...

Le tournage s’est déroulé avec beaucoup de bonheur. Le décor principal est une maison de plain-pied entourée de pelouses. Nous avons étendu des bâches blanches devant les pièces dans lesquelles nous tournions pour " déverdir " l’ambiance. Les décors de l’église et de la salle du mariage ont nécessité un peu plus de moyens...

Le retour au film s’est effectué sur pellicule Kodak 5245 et nous avons eu la chance d’avoir l’ensemble des copies d’exploitation tirées directement du négatif original sans " inters ".
Voilà sans doute le privilège des petites séries. Le gain qualitatif est énorme... »