Présentation de Loca Images, nouveau membre associé de l’AFC

Par Caroline Champetier, AFC, et Pascale Marin, AFC
La société Loca Images, loueur, importateur et distributeur de matériel vidéo professionnel, vient récemment d’être accueillie au sein de l’AFC en tant que membre associé. Dans les textes qui suivent, ses marraines AFC, les directrices de la photographie Caroline Champetier et Pascale Marin, présentent ce nouvel arrivant.

Loca Images – 1976-2024, par Caroline Champetier, AFC
En 1976, Adolphe Tass (son premier nom était Angel) et Marie-Ange, mariés depuis peu, créent Lo Tel Co, un magasin de location de télévisions couleur.
Adolphe, que j’appellerai Monsieur Tass comme tout le monde avait coutume de l’appeler, avait été démonstrateur d’aspirateur au Galeries Lafayette. De tempérament curieux et pragmatique, il avait vite appris à les réparer puis après une formation de réparateur en télévision, Monsieur Tass entre chez Loca Images, 48, rue du Faubourg Poissonnière, propriété de monsieur Winckler qui lui cède bientôt l’enseigne.
Passionné de photo et de jazz, Monsieur Tass développe le dimanche ses photos prises en amateur dans la cuisine du Fbg Poissonnière et se familiarise avec les techniques de prises de vue de façon autodidacte et passionnée.
À la fin des années 1980 les locaux d’un atelier de couture spécialisé dans les cravates se libèrent au 173 du Faubourg Poissonnière, la famille Tass a certainement croisé celle de Claude Berry dont l’atelier de fourreur était un peu plus bas sur le Faubourg après la rue La Fayette.
C’est le début d’une période de transformations techniques qui voit les débuts de la vidéo, des caméras à tube, et de la vidéo familiale. Sachant saisir le changement Monsieur Tass se lance dans la location de matériel de prise de vues grand public où la demande ne fait que s’accroître.
En 1993, après un accident qui force Marie-Ange à se reposer, Monsieur Tass demande à sa fille Cécile de venir l’aider au magasin et celle-ci prend en charge la location du matériel de prise de vues. Armée d’un petit bi bop qui ne la quitte pas, elle répond à toutes les demandes si rapidement que les premiers documentaristes à travailler en Betacam affluent, à commencer par Yves Dreux et Caroline Swisseur, qui tourne L’Année du concours.
Le monde du documentaire devient la nouvelle passion du père et de la fille, parce qu’on apprend, parce qu’on partage et parce qu’on voyage. Ils verront passer tous les documentaristes qui comptent de Nicolas Philibert à Richard Copans ou François Margolin…
« Tous savent amener l’autre vers un univers qu’on n’aurait pas pénétré sans eux. »
A la fin des années 1990, c’est l’apparition de la DV Cam et de la Mini DV, formats auxquels croient absolument Adolphe et Cécile Tass. Les grandes marques ne leur ouvrent pas de compte, cela ne fait pas reculer Cécile qui ayant trouvé un revendeur en Belgique fait l’aller-retour trois fois par semaine pour approvisionner le magasin.
Nombre de gens de cinéma intrigués par ces nouveaux supports arrivent chez Loca Images. C’est l’époque des grandes amitiés avec des gens aussi célèbres qu’humbles devant cette révolution des outils qui ne fait que commencer : Chris Marker, le patron avec sa TRV 900, Agnès Varda et ses Mini DV, Youssef Chahine, Alain Cavalier, Costa Gavras…
Leur confiance donne à Loca Images une place particulière. Un endroit où les gens de cinéma réalisant des films de marché, faisaient de la recherche, comme un laboratoire…
Amateur dans l’âme, Monsieur Tass ne prend pas le chemin du matériel numérique professionnel, ce sera sa seule divergence avec Cécile qui pensait que l’évolution était incontournable.
En 2018, Cécile reprend la direction de Loca Images et envoie deux personnes au NAB, elle pose démocratiquement la question de l’avenir à son équipe. Ils achètent alors leur première Alexa, puis viennent les RED et les Sony.
Grâce à l’amitié de Tommaso Vergallo, Cécile comprend que cette révolution des capteurs est accompagnée d’un développement extraordinaire des optiques, elle et Thomas Ligon se
passionnent pour ce monde de lentilles, elle y entraîne ses clients de toujours en échangeant, en discutant et investit dans des bancs d’essai qui ne sont toujours pas amortis, mais cela lui importe que les assistants puissent travailler correctement, et plus que tout, d’avoir le sentiment de participer à un projet chaque fois différent, chaque fois passionnant : Salafiste, de François Margolin – Désobéissance, d’Alicia Schiapari - La Graine et le mulet, Mekthoub My Love, d’Abdelatif Kechiche - Avec les fées, de Pricilla Telmon – Kongo, d’Adrien Lavapeur - Les Traces, de Stéphane Breton - Le Stade, de Mathieu Voler…

Cécile pense à se lancer dans la postproduction puis dans la restauration mais elle ne trouve pas les raisons et les moyens de continuer, par contre Loca Images devient l’endroit le plus innovant pour les outils de portage en documentaire, il n’est pas rare d’y rencontrer de jeunes opérateurs en train d’essayer un Steadicam ou un Ronin. L’éventail des caméras est impressionnant allant de la Go Pro à la Sony Venice ou l’Arri Alexa 35 et bientôt la Burano.

Aujourd’hui postuler à l’AFC, c’est évidement pour honorer le rêve de son père mais aussi pour faire reconnaître le savoir-faire et la curiosité de son équipe et parce que l’AFC est une association, pas une institution.
Dans la grande pièce qui donne sur le jardin au fond du local, Cécile et son équipe abritent les réunions de L’UCO, de Femmes à la Caméra et de Divé+, tout ce qui bouge dans le cinéma d’aujourd’hui.

Le soir de notre rendez-vous, elle va à l’avant-première de Captives, d’Arnaud Despallières, dans son cinéma de quartier à Bagnolet où vivent aussi sa mère et ses sœurs.
Cette année, elle a aimé Anatomie d’une chute, Le Règne animal, Je n’oublierai jamais vos visages, L’Amour et les forêts
Au Micro Salon, elle veut présenter un atelier de geste et de posture avec une posturologue, pas du matériel, de l’humain, pas de course technologique mais de la RSE.

On aura compris que Loca Images est une aventure extraordinaire parce que singulière, une île, pas un continent où chacun saura trouver un équipement sur mesure en fonction de son projet et de son budget, une survivance de ce que le cinéma a su créer de meilleur, passion, écoute, humilité devant les rêves à réaliser connus ou inconnus.

Loca Images, professionnalisme et attention, par Pascale Marin, AFC
Loca Images est un loueur et distributeur de matériel vidéo professionnel depuis 1976. Ils ont su trouver un créneau au carrefour de productions très variées. Tournages courts avec des moyens restreints ou projets plus ambitieux et plus largement financés.
Leurs investissements sont raisonnés et complets : des LEDs, de la machinerie légère, des caméras, des optiques. Aussi bien des GoPro qu’une Alexa 35, un 8 mm Lumix en monture M43 qu’une série Zeiss Supreme Prime.

Quel que soit le projet pour lequel on vient chez eux, juste à côté de Barbès, on est reçu avec le même professionnalisme, la même attention. On a la possibilité de chercher, de bidouiller, d’adapter et de profiter de très bons conseils.
Par le passé, certains à l’AFC auraient peut-être jugé cette entreprise qui ne faisait "que de la vidéo" avec un peu de condescendance. Les temps ont bien changé, aujourd’hui nous faisons tous de la vidéo et Loca Images a toute sa place parmi les membres associés de l’AFC.