Roger Planchon

par Gérard Simon
Roger Planchon est mort ce mois-ci. J’ai eu la chance et le plaisir de faire ses deux derniers films, Louis enfant-Roi et Lautrec.
Il était le grand homme de théâtre que l’on sait, mais surtout un ogre malicieux affamé de travail et de cinéma, un despote éclairé et chaleureux, un formidable scénographe à l’œil incroyablement sûr.
Ce matin, ses amis lui rendaient hommage au Père Lachaise.
Il y avait sur un chevalet, à côté de son portrait, une image tirée de la séquence qui clôt Lautrec : l’enterrement d’Henri, un cortège foutraque où les personnages du film, Valentin le désossé, la Môme Crevette, la Goulue, les putains, etc., improvisent un charivari autour du corbillard.
Le matin du tournage, Roger m’avait dit : « Gérard, faites-moi tout ce qu’on ne fait pas d’habitude pour ce genre de séquence, faites-moi une lumière vive et colorée, je veux un enterrement gai ! ».
Nous avions attendu le beau temps et tourné dans un sous-bois où le soleil perçait en gloires à travers les feuillages. Il en avait été ravi.
Ce matin, au Père-Lachaise, il y avait aussi un grand soleil. Je vous salue bien, Roger.