Pourquoi, à la dernière cérémonie des César, fallait-il que ce soit Kevin Costner qui rende hommage « à tous les chauffeurs et techniciens qui se lèvent tôt pour assurer le confort des autres » tandis que d’autres ne facilitaient pas la prise de paroles d’ingénieurs du son plus expérimentés pour poser des micros ?
Convention collective : un mot qui semblerait devenir tabou, presque grossier, dans l’industrie cinématographique. Mais de quoi parlons-nous ? De droit essentiel du travail, comme des droits de l’homme, comme l’ensemble des droits que l’on peut attendre dans une société bien éduquée.
Parmi les nombreuses contributions qui ont nourri le hors série consacré à la Convention collective, voici rassemblés, en complément de ceux publiés séparément, des extraits d’écrits de Richard Andry, AFC, Diane Baratier, AFC, Bernard Blancan, Laurent Dailland, AFC, Patrick Duroux, AFC, Antoine Héberlé, AFC, Denis Lenoir, AFC, ASC, et Philippe Van Leeuw, AFC.
Si je suis membre de l’ARP, c’est parce que je ne suis pas membre de la SRF : j’ai produit mes films, donné des garanties bancaires, payé les dettes quand il y en avait et… A écouter les plaidoyers déchirants sur les films qui n’auraient pas pu se faire si…
C’est le titre du rapport de synthèse du Club des 13 daté de février 2008. Prémonitoire ? Ce titre reflète la réalité d’aujourd’hui… Il n’était pas censé signifier cela, tout a glissé…
Réforme des financements du cinéma français nécessaire pour l’éco-système cinématographique. Préalable à accord pour l’extension d’une convention collective dans l’industrie du cinéma.
C’est tout simplement un métier que j’aime parce que je me sens comme un contrebassiste d’un orchestre. J’exécute une œuvre d’un opéra et je suis content d’être l’interprète exécutant qui exprime son talent sous la direction du chef d’orchestre (le réalisateur). Ce dernier en est très souvent le compositeur.
Dans ce climat délétère qui règne autour de l’extension de la Convention collective à la production cinématographique, je ne peux m’empêcher de revisiter mes trente années passées dans les salles de montage et ressentir une profonde amertume, voire un certain écœurement qui pourrait me laisser sans voix mais continuant à aimer mon métier, je choisis d’écrire ces quelques lignes.
Il me semble qu’il faut d’abord remettre les choses en perspective : il est normal et indispensable que la profession soit dotée d’une convention collective, comme tous les autres métiers. Mais elle doit prendre en compte la diversité des pratiques.
En ce temps, on débattait aussi d’une Convention, plus précisément, on y débattait. Cette Convention nationale comptait 749 députés élus au suffrage direct, pour la première fois dans l’histoire de ce pays, la distinction entre citoyen actif et passif ayant été supprimée.
La Convention collective, qui sert de référence à l’organisation de notre travail, est menacée. Des négociations entre les représentants de nos professions sont en cours, certains réalisateurs se sont exprimés contre cette convention, des producteurs demandent à la renégocier, les pouvoirs publics vont devoir arbitrer... Chacun va devoir s’exprimer, donner son sentiment, voici le mien.
Donc, en fait, on arrive comme des fleurs en ayant réfléchi un petit peu pendant quinze jours, en ayant rédigé un truc, et on le propose à des gens qui ont négocié pendant sept ans. Donc rien que pour ça, on va se faire retoquer.
J’ai été très touché d’entendre le désarroi de quelques étudiants des départements dits " instrumentaux " de La fémis. Tout à coup, le rêve qu’ils faisaient, pour certains depuis longtemps, de faire partie de la " grande famille du cinéma " se confrontait à la dure réalité des intérêts particuliers et commerciaux et des egos singulièrement surdéveloppés de certains.
La Convention collective du 19 janvier 2012 a été étendue dès ce mois de juillet mais son entrée en vigueur est différée au 1er octobre pour laisser le temps aux organisations syndicales et patronales de revoir les modalités d’application de l’annexe de l’accord relative aux films dits " à économie fragile ".
Le 1er juillet 2013, après dix années de négociations, l’arrêté d’extension de la Convention collective de la production cinématographique a été signé. Les déchirements qui ont précédé cette signature ont mis à mal des solidarités que nous pensions indéfectibles.
L’extension de la Convention collective, dite API, a engendré un nombre incroyable d’articles, d’interviews, d’analyses et de points de vue, majoritairement opposés à ce texte. Nous, techniciens, avons été caricaturés, dénigrés et stigmatisés.
Il y a quelque chose d’exemplaire dans la manière dont la question de l’application de la Convention collective nous a divisés. Je crois qu’il faut partir de là.