Comme des garçons
Julien avait fait des courts métrages et Comme des garçons est son premier long métrage. Je sais qu’un premier film est une masse de travail assourdissante pour des réalisateurs. Avec des doutes, des questions, des fantasmes liés au cinéma qui a bercé leur enfance. Mon rôle alors est de les accompagner le plus possible, de leur faire partager mon approche humaine et technique de ce qu’est un long métrage, tout en restant à ma place. Finalement les décisions leur reviennent toujours.
Tout le long de la préparation et du tournage, Julien m’a fait confiance et nous avons tissé une amitié forte.
La préparation :
L’histoire se passe dans les années 1970 à Reims. Il était compliqué de tourner là-bas à cause des anachronismes omniprésents, nous sommes donc partis à Royan où finalement le style architectural et certains intérieurs étaient restés dans le style des années 1950, donc parfaits pour un film traitant des années 1970.
Le décor du journal duquel part toute l’histoire représentait 30 % du tournage, nous avons tourné, réaménagé et redécoré 350 m2 d’anciens bureaux à Saint-Denis (l’ancienne usine Christophe), ce qui était pour la production plus économique que le studio.
Julien avait envie de travailler le style visuel du film, de le rendre harmonieux. Pour cela, il fallait associer la déco, les costumes, le réalisateur et moi-même, et prendre ce temps nécessaire pour faire des réunions communes.
Suite à cela, nous avons donc élaboré un dossier complet avec des codes couleurs, en quelque sorte une charte que nous avons globalement maintenue tout le long de la fabrication du film.
Nous souhaitions éviter certaines couleurs convenues de cette période, comme le orange, et nous savions que nous allions nous retrouver avec un certain nombre de séquences sur des terrains de foot avec ce vert des pelouses, assez complexe car très saturé et qui n’est pas évident à associer à d’autres couleurs.
Charlotte David (chef costumière) a fait un gros travail pour harmoniser l’ensemble.
Le tournage :
Concernant la façon de filmer les scènes de comédie, nous avons pris le parti de placer la caméra au centre des acteurs, dans des focales un peu courtes, afin de dynamiser leurs mouvements et leurs gestes. Les perspectives sont élargies, l’arrière-plan devient aussi une zone de jeux. Nous avons majoritairement utilisé le 27 mm, qui était un bon rapport entre les perspectives élargies et les déformations restaient acceptables sur les visages.
En ne comptant plus uniquement sur l’acteur principal mais aussi sur le jeux des acteurs au second plan, l’effet est efficace tant au niveau de la mise en scène que de la scénographie.
Au départ, nous voulions tourner en anamorphique. Mais après réflexion, le 1,85 se prêtait plus à notre style. Pour garder des références de l’espace et situer les acteurs surtout lorsqu’ils sont assis. Pour cela, il fallait absolument garder les amorces de tables et les mains. Or le CinémaScope nous aurait obligés à reculer pour obtenir le même résultat et donc nous éloigner des acteurs, ce qu’on ne voulait pas pour ce film.
Nous avons travaillé la plupart du temps avec une dolly classique et une tête manivelle. Et pour certaines scènes, comme les vestiaires et les déambulations, à l’épaule.
Les scènes de match et d’entraînement :
Julien Hallard et moi avons vu une bonne partie des films ayant pour thème le football afin de pouvoir analyser ce qui nous plaisait et ce que nous voulions éviter. Ainsi, nous trouvions que le plus efficace était d’être sur le terrain avec les footballeuses. Caméra à l’épaule, nous étions proche de l’action, et nous évitions ainsi le point de vue "télévisuel" qui consiste à être en longue focale depuis le bord du terrain.
La postproduction :
Nous avons essayé de ne pas trop teinter l’image à l’étalonnage, sachant que les costumes et la déco étaient basés sur le style 1970, donc déjà connotés…
L’étalonnage s’est fait en deux parties, l’une avant l’été 2017 avec Karim El Katari, et l’autre, en septembre 2017 avec Jean-Marie Blezo.
L’avantage de scinder en deux cette étape importante de la fabrication d’un film, c’est de pouvoir prendre du recul. Nous avons ajouté du grain, pour atténuer la netteté de l’image. Pour choisir le grain, Eclair nous a fait des propositions à l’aveugle car nous ne voulions pas être influencés par leur origine (grain numérique VS grain argentique). Nous avions le choix entre six tests faits sur une sélection de nos images. Contre toute attente, c’est le grain numérique qui l’a emporté…
Crew
Chef costumière : Charlotte DavidChef décorateur : Johann George
Cadreur 2e caméra : Giovanni Quene
Opérateur Steadicam : Loïc Andrieu
1er assistant opérateur : Jean-Christophe Allain
1ère assistante opératrice 2e caméra : Laure “Boubette” Caniaux
1er assistant opérateur 2e caméra : Olivier Fortin
2nd assistant opérateur : Julien Teissier
Technicienne retour vidéo : Camille Le Mercier
Chef machiniste : Martin Defossez “Titoune”
Gaffer : Thierry Labille
Technical
Matériel caméra : Panavision Alga (Arri Alexa Mini, RAW, 24 i/s, 1,85:1, série Primo Classic, zoom 24-275 Primo ; 2e caméra : Arri Alexa Mini ; caméra film : Arri 416 S16 mm, pellicule Kodak 7217)Matériel lumière : Panalux
Machinerie : Panagrip
Laboratoire : Eclair, Thierry Beaumel
VFX : Mikros image
Console d’étalonnage : Fire Post de chez FireFly
Espace colorimétrique : Aces
Étalonneurs : Karim El Katari, Jean-Marie Blezo