Editorial
La musique n’est pas mieux lotie. Le chiffre d’affaires des CD a chuté de 9 % en 2005 et de 30 % en trois ans. Quant au livre, après des années d’augmentation régulière, les ventes régressent de 1,1 %.
Comment expliquer ce phénomène ? La consommation générale en 2005 a augmenté de 2 %. Le principal responsable de ce phénomène serait le téléchargement pirate des films et des disques sur Internet, accusent alors les créateurs comme les producteurs. Il est indéniable que cette pratique a des effets négatifs pour la musique et le cinéma. Mais la plupart des économistes affirment qu’on ne peut imputer aux seuls pirates cette tendance à la baisse.
Certains avancent une autre explication : l’inflation de l’offre et ses effets pervers. Cette augmentation est spectaculaire pour le cinéma : le nombre de films sortis dans les salles françaises est passé de 500 à 600 entre 2002 et 2005. Le phénomène est comparable dans le domaine de la musique ou du livre. Cette abondance a des retombées. Le nombre rogne nécessairement la " durée de vie " d’une œuvre. Quantité de films restent une ou deux semaines en salles et puis s’en vont. Les livres ont tendance à " tourner " de plus en plus vite sur les rayons des libraires, chassés par un nouvel arrivage. La profusion provoque la banalisation des œuvres. Le bouche-à-oreille n’a pas le temps de s’installer. Seuls surnagent les produits qui peuvent bénéficier d’opérations de marketing de grande ampleur. Ce ne sont souvent pas les plus intéressants.