Fondu au noir pour Conrad Hall
"Libération", 8 janvier 2003Hall pouvait tout faire ; aussi bien pour des vétérans comme Richard Brooks, John Huston ou John Schlesinger, que pour des débutants comme Robert Towne, Sam Mendes ou James Williams Guercio...
Article de Philippe Garnier
Les reflets dans les lunettes des gardiens de "Luke la main froide" (1967), c’est lui ; et le popotin émouvant de la fille qui lessive la voiture aussi. Les gris glaçants de "De sang-froid", c’est encore lui, la même année. L’épaisseur physique de l’image des "Professionnels" (1966), toujours lui. Le mordoré poussiéreux de "Fat City" (1972) et du "Jour du fléau" (1975), la guimauve visuelle de "Tequila Sunrise" (1988), les arêtes dures de "Black Widow", Hall pouvait tout faire ; aussi bien pour des vétérans comme Richard Brooks, John Huston ou John Schlesinger, que pour des débutants comme Robert Towne, Sam Mendes ou James Williams Guercio.
La photographie qu’il signe en 1973 sur le film de Guercio, "Electra Glide in Blue", reste le "look" absolu des 70, qu’il partage peut-être tout de même avec le plus politiquement engagé Haskell Wexler. Les deux hommes fonderont d’ailleurs une compagnie de publicité ensemble.
Conrad L. Hall est né à Tahiti. Etudiant à l’université de Californie du Sud, Hall a d’abord été tenté par l’écriture, avant de rejoindre l’école de cinéma. Après avoir laissé sa marque sur des films comme "Morituri" ou "Butch Cassidy", Hall cessera ses activités après "Marathon Man", en 1976, pour revenir à l’écriture de films.
Philippe Garnier