La Voie de l’ennemi

Ma première collaboration avec Rachid a été très agréable. Nous nous sommes régalés de voir devant nous, tous les jours, ces acteurs magnifiques que sont Forest Whitaker, Brenda Bletlhyn ou Louis Guzmán. Je me suis appuyé sur les paysages et la lumière magnifiques du Nouveau-Mexique pour faire une image sobre et sans effet.

Ce tournage a été pour moi la découverte du monde de l’Union. Je ne peux m’empêcher de penser que toutes ces règles sont souvent très contraignantes pour la création et même souvent très contre-productives pour l’organisation. C’est un système créé pour les grosses machines, mais il me semble qu’il s’adapte mal à notre type d’organisation, certes parfois bordélique, mais souvent diablement efficace. Pour moi, ce système est même le reflet et la caricature de la mentalité générale américaine. Comme tout système, j’espère qu’il doit pouvoir être contourné, je demande à voir...

J’ai eu beaucoup de mal à m’adapter à tout cela et ça me donne beaucoup à réfléchir sur l’application de la convention collective sur les films que je fais et ceux que j’aime voir : souvent des films d’auteur qui se font avec des budgets serrés. Des films que je défends, pour le plaisir que j’ai à exercer mon métier, même si cela est souvent aux dépens de ma santé et de ma vie privée. C’est pour mes compétences et ces sacrifices que je sais qu’un cadre doit être déterminé, mais je ne voudrais en aucun cas qu’il soit un frein pour les réalisateurs avec qui je collabore et je m’efforcerai toujours de trouver des solutions pour que ce ne soit pas le cas. Là aussi sans doute le système devra être contourné.

(Dans le portfolio ci-dessous, des photogrammes extraits de La Voie de l’ennemi et quelques photos de plateau prises par Yves Cape)