“Le changement ? Oui, mais restons décents et honnêtes“
Depuis 1993, date du premier Camerimage, 3 % de films mis en image par des directrices de la photo ont été sélectionnés en compétition officielle !
Les mots peuvent être mal traduits, pas les chiffres.
Des efforts sont faits, nous dit-on, “mais cela ne doit pas être au détriment d’autres productions dont le mérite artistique serait supérieur.”
La question serait dès lors de définir le mérite artistique en fonction des moyens à la disposition des directrices de la photo afin de fabriquer l’image d’un film, sans même évoquer la difficulté du parcours pour avoir accès au poste.
Malgré les demandes réitérées des associations et dernièrement de Women in Cinematography, pourquoi ce pourcentage ne progresse-t-il pas ? Les quelques femmes mentionnées dans l’article du directeur du festival sont celles les plus reconnues par l’industrie. La sélection de Camerimage ne reflète absolument pas la (très) légère augmentation de la présence des directrices de la photographie dans les productions mondiales.
Le changement sociétal est en marche, et c’est aux festivals d’accompagner celui de l’industrie, de le soutenir, comme l’ont entrepris les festivals de Cannes, Berlin, Venise, San Sebastian…
Cette solidarité évoquée en titre d’article est tristement ironique : mettre en parallèle l’arrivée d’un plus grand nombre de femmes dans l’industrie avec “une révolution fanatique qui détruirait les cathédrales de l’art et jetterait les sculptures et les peintures” rappelle des temps obscurs.
Il est temps que Camerimage écoute le rythme du monde et ne se réfugie pas derrière des arguments misogynes.
L’exigence de qualité promue par le festival ne se fera qu’en acceptant la diversité des regards qui font la richesse de notre métier.