Communiqué des étalonneuses et étalonneurs

Pour une reconnaissance des métiers de l’étalonnage

Nous, directrices et directeurs de la photo de cinéma, avons toujours eu des relations privilégiées avec les étalonneuses et les étalonneurs. Autrefois personnels intégrés au laboratoire, aujourd’hui leur statut de free lance se doit d’être pris en considération. Sans elles, sans eux, nous ne pourrions pas aller au bout de nos images. L’accès aux rushes est devenu immédiat et nous savons tous l’importance de livrer au montage, à la production, des rushes étalonnés. De même les outils d’étalonnage de plus en plus performants ainsi que le recours fréquent aux VFX nécessitent l’intervention régulière d’assistantes. Il nous semble juste et nécessaire de reconnaître le travail des étalonneurses ainsi que le travail des "petites mains" indispensables à la bonne marche des travaux de finition du film. C’est pourquoi, à l’AFC, nous sommes solidaires de leurs revendications et approuvons leur communiqué.

« Depuis l’avènement du numérique il y a une vingtaine d’années, les métiers de l’étalonnage ne sont toujours pas reconnus au sein de la convention collective de la production cinématographique et publicitaire. Cette absence de reconnaissance soulève des difficultés majeures, notamment en termes d’intégration et de valorisation de nos métiers dans la chaîne de fabrication des films. À ce jour, nous sommes déclarés sous des intitulés tels que monteur, assistant opérateur ou d’autres fonctions qui ne correspondent en rien à nos responsabilités. Cette situation ubuesque illustre parfaitement le désintérêt des producteurs pour nos professions dans la branche de l’étalonnage.

En 2023, plus de 140 étalonneurs, réunis en collectif et association, ont sollicité le SPIAC-CGT pour actualiser les conventions collectives de l’audiovisuel, du cinéma, de la publicité et de la prestation technique. Nous avons œuvré à définir précisément les fonctions manquantes de notre branche étalonnage et demandons l’intégration des postes d’étalonneur, d’étalonneur de rushes et d’assistant étalonneur (également appelé conformateur) dans la convention collective de la production cinématographique. Par ailleurs, nous avons proposé une grille tarifaire en adéquation avec les réalités technologiques et économiques actuelles.

Malgré des échanges initiaux constructifs avec les syndicats de producteurs de cinéma, les négociations se trouvent actuellement dans une impasse. Après huit mois de discussions, ces syndicats nous ont informés qu’ils n’avaient obtenu mandat que pour intégrer le poste d’étalonneur dans la CCN de la production cinématographique et publicitaire. Les postes d’étalonneur de rushes et d’assistant étalonneur seraient écartés sous prétexte de la difficulté à créer de nouvelles fonctions. Une justification absurde, sachant que, depuis des années, des techniciens assurent ces tâches indispensables, en étalonnant et en conformant les rushes des longs métrages. Ces postes, pourtant essentiels à l’industrie cinématographique, demeurent exclus de la convention collective.

Cette situation reflète également une méconnaissance de nos métiers par les syndicats de producteurs, ainsi qu’un manque de reconnaissance de l’importance des fonctions d’étalonneur de rushes et de conformateur. Dans une industrie où les projets gagnent en complexité et où les exigences de l’étalonnage sont devenues cruciales avec l’essor des plateformes, il est impératif de faire évoluer ces perceptions.

Nous, étalonneurs, conformateurs et étalonneurs de rushes, représentant tous types et toutes catégories de programmes, appelons les chefs opérateurs et cheffes opératrices à nous apporter leur soutien décisif pour faire avancer ces négociations. Des partenariats avec des organisations professionnelles telles que l’UCO, l’ADIT et l’AOA sont également en cours pour renforcer la mobilisation et obtenir une mise à jour légitime et équitable des métiers de la branche étalonnage.

Une nouvelle réunion de négociation est prévue début avril avec les syndicats de producteurs du cinéma. Nous invitons toutes les professions du cinéma à nous appuyer dans cette démarche et sollicitons l’aide active des directeurs et directrices de la photographie membres de l’AFC. L’étalonnage est une étape incontournable dans la finalisation des images d’un film, et cela doit enfin se traduire par une reconnaissance réelle et tangible de la part des producteurs. »