Camerimage 2023

Retour sur la conférence Canon : "Verdigris" - L’histoire d’un tournage

Par Matthieu-David Cournot, AFC

par Matthieu-David Cournot

Pour cette conférence, Canon avait convié à Camerimage Patricia Kelly, réalisatrice, et Tania Freimuth, cheffe opératrice, afin de partager avec l’auditoire leur expérience d’une production de qualité, le film Verdigris, tourné avec une caméra Canon C500 MKII, une série de CN-E Primes et deux zooms Canon Flex. Ce film a reçu le prix du Meilleur film indépendant au Galway Film Fleadh, en Irlande, en juillet dernier.

Verdigris est l’histoire d’une femme récemment retraitée qui décide, pour fuir son mariage, de reprendre un travail loin de lui. Ce faisant, elle rencontre une jeune femme qui a été abandonnée à 12 ans et qui ne connaît que la rue. Elles vont se sauver mutuellement.

Tania Freimuth, Patricia Kelly et Jack Adair, Canon Europe
Tania Freimuth, Patricia Kelly et Jack Adair, Canon Europe


Après une présentation de la bande annonce et entre différents extraits, Patricia Kelly et Tania Freimuth racontent avec humour l’aventure qu’a été le tournage de Verdigris. La présentation était modérée par Jack Adair, de Canon.

Photogramme


Tout s’est passé très vite sur Verdigris : une année pour écrire l’histoire et faire les répétitions avec les acteurs. Patricia a écrit le scénario en tenant compte des contraintes liées à un micro budget (budget que l’on ne peut divulguer mais qui est de l’ordre de celui d’un court métrage). Elle a donc écrit pour que tout puisse se tourner en 15 jours, avec un petit nombre d’acteurs, dans un minimum de décors auxquels elle avait facilement accès et une équipe technique réduite au strict minimum.
Patricia n’a eu de cesse, pendant toute la conférence, de remercier toute son équipe pour son investissement et sa motivation.
Les répétitions avaient lieu dans les décors du film à Dublin : dans les rues et à la maison de la mère de Patricia. Et seulement le soir après le travail de chacun.

La rencontre avec Tania Freimuth, la cheffe opératrice, ne s’est faite qu’après et par Internet, il y a à peine plus d’un an. Elles ont sympathisé et c’est par Zoom (Tania habitant en Angleterre), qu’en novembre 2022 Patricia a demandé à Tania si elle avait envie de se charger de l’image du film pour un tournage qui commençait le 16 janvier 2023. C’est l’enthousiasme de la réalisatrice et la qualité du scénario qui ont convaincu Tania d’accepter.

Tania explique qu’elles se sont tout de suite entendues et qu’elle considère que le plus important dans la relation entre opérateurrice et réalisateurrice, c’est d’avoir un désir commun.

Patricia Kelly et Tania Freimuth
Patricia Kelly et Tania Freimuth


Une fois que Tania est entrée dans l’aventure, la prépa a continué en majeure partie par Zoom, même si bien sûr Tania a pu venir brièvement repérer les décors de visu.
Patricia a ensuite continué les répétitions avec les acteurs, en prenant soin d’indiquer tous les déplacements à Tania pour voir ce qu’il était possible de faire techniquement.
D’ailleurs, si la préparation s’est faite majoritairement à distance, cela a été aussi le cas pour l’étalonnage, celui-ci se faisant à Dublin, alors que Tania était retourné en Angleterre. Patricia et l’étalonneuse envoyaient les scènes-clés puis en discutaient, toujours par Zoom, avec Tania.

Les questions du public fusent et rythment le séminaire. Elles permettent à Tania de détailler le choix du matériel, à savoir : une Canon C500 MKII Full Frame, une série de CN-E Primes et deux zooms Canon Flex (le 20-55 mm et le 45-135 mm).
Le choix de la caméra était dicté par le fait que tout le film était à l’épaule, Patricia voulant une esthétique documentaire. Il fallait donc à Tania une caméra légère et avec un faible encombrement pour les décors intérieurs qui étaient particulièrement exigus.
Cette configuration donnait aussi la possibilité aux acteurs d’improviser leurs mouvements car ils savaient que Tania s’adapterait. Pour Tania, c’est important d’être « dans le moment, avec les acteurs ».
D’ailleurs, même si la priorité était donnée aux acteurs, Patricia tient à souligner que ceux-ci étaient très conscients et respectueux de la technique.


Tania a ensuite choisi les CN-E Primes (une série de sept optiques) car elle les utilise depuis longtemps et elle savait que ça correspondrait à l’esthétique que recherchait la réalisatrice.
Pour les zooms, elle a hésité car dans son souvenir, ils étaient un peu trop lents mais elle a particulièrement apprécié le 20-50 mm et le 45 135 mm qui ouvrent à 2,4.
Les zooms ont été uniquement utilisés pour les extérieurs pour le côté voyeur que Patricia voulait accentuer.
Les choix de postproduction n’ayant pas été encore faits au moment du tournage, Tania a préféré tourner en Full Frame. Un problème s’est alors posé pour les scènes dans la rue : les focales n’étaient plus assez longues pour certains plans. Qu’à cela ne tienne, Tania s’est souvent placée en plein milieu de la rue pour avoir la distance nécessaire en vue d’obtenir le cadre désiré. Astuce qu’elle ne recommande cependant pas dans les rues de Dublin.
Patricia, une fois encore, loue la capacité de sa cheffe op’ à s’adapter très vite à toutes les situations.

Sur le choix des couleurs, Tania explique qu’elle et Patricia cherchaient notamment une couleur particulière pour représenter le personnage de la jeune prostituée. Elles ont essayé le rose et le magenta mais c’était trop "violent". Le choix s’est alors porté sur le bleu et le violet. Et comme il y avait une scène dans une chambre dont les murs étaient déjà bleus, c’est le violet qui a été choisi.

Photogramme


La conférence s’est terminée par une question à Tania afin de savoir ce qu’elle aurait choisi comme matériel si le budget du film avait été de 3 millions d’euros. Sa réponse sans aucune hésitation : « Exactement le même ! C’était ce matériel que je voulais pour ce projet. »

Photo Katarzyna Rybarczyk

Bande annonce :


https://youtu.be/M5WYXFn8r_o?si=nyKLzxCP349kqI6l