Un "Focus" du CNC sur le 70 mm

Dans un article paru sur son site Internet, le CNC (Centre national du cinéma et de l’image animée) revient sur l’histoire et les spécificités de ce format qu’il qualifie de « monumental ». De sa naissance en Italie, en 1911, à un premier revers à la fin des années 1930, de sa renaissance dans les années 1950 jusqu’aux années 1980-90, le 70 mm aura, durant cette période, connu son heure de gloire, pour être, ces dernières années, l’apanage de quelques cinéastes passionnés par les possibilités offertes par ce format.

Si le format "standard " du cinéma est le 35 mm, le 70 mm est sans doute le plus prisé et adoré des cinéphiles. En plus d’être un format de prestige, c’est un objet de fantasmes, en raison de ses dimensions hors normes et de la qualité d’image qu’il offre, bien supérieure aux autres formats. Parce que la dimension de la pellicule est plus large, la netteté est plus grande, les détails plus précis, l’image plus belle.

Le 70 mm rappelle aussi que l’ambition du cinéma a été, depuis l’origine, de voir les choses en grand. De tendre vers la monumentalité. Les premières prises de vue en grand format datent des premiers temps du septième art – les frères Lumière tentèrent ainsi de projeter des images en 75 mm à l’Exposition universelle de 1900. Mais la véritable naissance du 70 mm a lieu en 1911, en Italie, grâce à un technicien pionnier nommé Filoteo Alberini, qui invente ce format offrant une qualité d’images « vraiment fabuleuse », selon Laurent Mannoni, le directeur scientifique du patrimoine de la Cinémathèque française.

Le format large sera ensuite exploré par les studios hollywoodiens dès les années 1920-30, avec notamment un film comme La Piste des géants (Raoul Walsh, 1930, un western épique sur la conquête de l’Ouest), tourné à la fois en 70 mm (Fox Grandeur) et en 35 mm standard. « Malheureusement, la crise économique des années 1930, les difficultés des exploitants, et enfin la complexité inhérente au format large (modifications de toute la chaîne de développement, tirage, séchage, sans parler des écrans dans les salles), précipitèrent la chute des premiers films 70 mm », poursuit Laurent Mannoni.

Charlton Heston dans "Ben Hur", de Willima Wyler
Charlton Heston dans "Ben Hur", de Willima Wyler

Au milieu du 20e siècle, l’essor du 70 mm
L’explosion et la généralisation du 70 mm a réellement lieu dans les années 1950, au moment où les studios rivalisent d’ingéniosité pour contrer le pouvoir grandissant de la télévision, qui détourne les spectateurs des salles. Les innovations se succèdent : Cinérama, CinemaScope, VistaVision, 3D, drive-in et même Odorama (cinéma odorant)… Un inventeur, Michael Todd, s’associe alors avec le laboratoire American Optical Company de Rochester pour mettre au point le Todd-AO, qui va permettre la généralisation du 70 mm dans les salles de cinéma.

Il faut noter que, lorsque l’on parle de 70 mm, le négatif est lui en 65 mm. Lors de la prise de vues, on utilise un film large de 65 mm avec cinq perforations de l’image, qui mesure 23 mm de haut sur 54 mm de large, au ratio 2,35:1. C’est au moment du développement et du tirage que les copies sont tirées sur pellicule 70 mm, les 5 mm supplémentaires étant réservés aux six pistes magnétiques de son stéréophonique. Pour éviter les scintillements, la cadence sera portée à 30 images/seconde dans les premières productions du genre. [...]

Le 70mm, le format des cinéphiles
Le format passera ensuite de mode dans les années 1980-90. Il faut dire que le coût des productions de ce format est prohibitif, tout comme l’équipement qu’il requiert. Une solution économique consiste parfois à "gonfler" en 70 mm certains films tournés en 35 mm – mais avec alors une perte de définition de l’image (c’est par exemple le cas du Cardinal, d’Otto Preminger, en 1963). [...]

  • Lire aussi l’article "Neuf grands films tournés en 70 mm" – publié à l’occasion du week-end spécial 70 mm organisé en 2019 par la Cinémathèque française –, sur le site de CNC.