Le Bonheur est pour demain

Ma rencontre avec Brigitte Sy date de 2007. Je la dois à l’entremise d’Hélène Louvart que je ne remercierai jamais assez pour cela et pour tant d’autres choses. Brigitte et moi suivons depuis lors un chemin de cinéma ensemble. Le Bonheur est pour demain est notre dernière collaboration et celle-ci est d’autant plus importante pour moi qu’elle est aussi une collaboration d’écriture. J’ai, en effet, co-écrit le scénario avec Brigitte, prenant la suite de Christine Dory appelée vers son propre film.

Mais c’est en tant que chef opérateur que je m’exprime ici. Le film précédent de Brigitte était un film en noir et blanc (L’Astragale, avec Leila Bekhti et Reda Kateb) et cela nous a poussé à nous poser la question de la couleur à nouveau frais. Ce n’est pourtant pas une question en tant que telle (après tout, on imagine souvent les films en couleurs sans remise en question particulière) mais avoir "vu" un film ensemble en noir et blanc nous a fait réfléchir à ce que nous allions "voir" pour ce film. Et ce "voir" ensemble nous interrogeait sur les couleurs que nous voulions.
Nous sommes allé chercher du côté des photographes dits "coloristes" : Saul Leiter, Harry Gruyaert, Ernst Haas et William Eggleston surtout - que nous avons retrouvé avec son travail à Dunkerque en tournant là-bas. C’est par cette recherche iconographique que le film nous est apparu. L’action se situant en partie dans les années 1990, nous avons pu donner libre cours à une colorimétrie vive dans les décors (de Dan Bevan), les costumes (de Maïra Ramedhan Levi) et le maquillage (de Sylvia Carissoli), mais aussi - cela va de soi - dans la lumière. Les projecteurs LED n’ont, bien évidemment, pas inventé la couleur, mais ils nous ont permis une véritable rapidité de mise en œuvre. Les choix de couleurs me sont d’abord venus de nos images de référence mais aussi de réflexions sur les couleurs complémentaires ou triadiques qui m’ont permis d’expérimenter plus qu’à l’accoutumé la colorimétrie. Faire fonctionner ensemble tous les choix colorés d’une équipe a été un véritable défi que j’ai adoré relever !

Photogramme


Brigitte aime l’idée de travailler en troupe, et tente de conserver les équipes qui ont déjà travaillé pour elle. Nous étions donc en terrain ami pour la plupart, même si la hiérarchie change de film en film, progression professionnelle oblige (Sarah Pinton, première assistante caméra en est un exemple, remplacée pour des raisons de maternité par Thomas Landmann : merci à tous les deux pour votre dévouement). Ceci dit, ce film a été pour moi la première collaboration avec Julien Gallois, chef électricien. Je dois cette rencontre - car c’en est une - au chef machiniste Laurent Pouchard (avec lequel il s’agissait d’une seconde collaboration).

Frédéric Serve et Laurent Pouchard
Frédéric Serve et Laurent Pouchard


Tous deux ont été parfaits : à l’écoute, comprenant le film, dans la proposition… Et tous deux extrêmement sympathiques (ce qui est, je l’avoue, de plus en plus important pour moi dans le travail comme dans la vie). À propos de belle rencontre : ce film a été étalonné par Alexandra Pocquet chez Micro Climat. Elle a su voir le film que nous faisions et a été très dévouée au suivi de la postproduction… Dans une bonne humeur précieuse !

Photogramme


C’est notre plus belle collaboration, à Brigitte et à moi (même si je le dis à chaque fois !), pourtant elle est déjà en train de se faire doubler par la prochaine que nous écrivons ensemble et que nous espérons bientôt partager avec vous !

Équipe

Premierères assistantes opérateurrices : Sarah Pinton et Thomas Landmann
Seconde assistante opératrice : Romane Ducros
Chef électricien : Julien Gallois
assisté de : Pearl Hort et Calypso Petrou
Chef machiniste : Laurent Pouchard
assisté de Maxime Daguerre
Étalonnage : Alexandra Pocquet.

Technique

Matériel caméra : Transpacam (Arri Alexa Mini, Raw opengate, 1,85 et série Leica Summicron)
Matériel lumière : Transpalux et Volt-Face
Matériel machinerie : Transpagrip
Laboratoire : Micro Climat

synopsis

Anna, engluée dans une relation avec un homme autoritaire et violent avec qui elle a un enfant, tombe amoureuse de Claude qui prépare un braquage. Celui-ci va mal tourner et Claude se retrouver en prison. Soutenue par la mère de Claude, Lucie, Anna ne renonce pas à son amour et ira jusqu’au bout.