Pauline détective

Pauline détective est une comédie romantique. Depuis le début nous parlions avec Marc Fitoussi d’un film très coloré, chic, brillant, clinquant tout en étant désuet, ludique, espiègle… (si tant est que l’humour ou une forme de second degré puisse être une notion photographique !).
Céline Bozon, le regard fixé sur le moniteur de contrôle, Marc Fitoussi et Sandrine Kiberlain - Photo Jérôme Prébois - Photo Jérôme Prébois
Céline Bozon, le regard fixé sur le moniteur de contrôle, Marc Fitoussi et Sandrine Kiberlain
Photo Jérôme Prébois
Photo Jérôme Prébois

En fait, plus ça va, plus j’ai l’impression que les mots aident finalement plus que les images, en tous les cas de manière plus contradictoire ; ils peuvent tirailler dans des sens possiblement très différents, c’est ça qui est passionnant. Par ailleurs, nous étions tout à fait prêts à assumer le côté très éclairé et artificiel de l’image, en étant évidemment très aidés par la déco (Samuel Deshors) et les costumes (Marité Coutard).

Le film de Marc fut ma première expérience avec l’Arri Alexa. J’ai mis beaucoup de temps à comprendre cet outil et à définir un protocole pour travailler avec. Ce fut fort utile pour moi de travailler avec mes alliés de chez Mikros : Magalie Léonard, Mathieu Leclercq, Florian du Pasquier et Alexandra Pocquet.
La première difficulté fut la couleur, en effet nous avons saturé à 150 pour cent à l’étalonnage pour commencer à avoir des couleurs qui ressemblaient à de la véritable couleur ; mais cela ramenait de la saturation dans les peaux (jaune/rouge) dont on ne voulait pas. L’idée était d’avoir un film très solaire, chaud mais avec des peaux à tendance froide. Je cherchais toujours à avoir du bleu dans l’image car cela aidait beaucoup la saturation générale, j’ai l’impression qu’on est particulièrement sensible à cette couleur et que, bien sûr, elle aide beaucoup le contraste que nous avons souhaité aussi très fort.

Céline Bozon derrière la caméra - Tournage de <i>Pauline détective</i> Photo Olivier Godaert - Photo Olivier Godaert
Céline Bozon derrière la caméra
Tournage de Pauline détective Photo Olivier Godaert
Photo Olivier Godaert


En termes de méthode, j’ai découvert avec effroi, en préparation, que j’étais sensée utiliser entre une et deux LUT à appliquer sur tout le film maximum, que l’étalonneur n’était plus compris dans un devis labo et que donc je n’aurais pas d’étalonneur. Le monde à l’envers ! Là où l’on est si loin d’une image ou bien si près d’une image qui peut devenir tout et n’importe quoi (le log C) et bien on ne la travaillera que plus tard en postprod !
J’étais effondrée, comment au montage peuvent-ils travailler avec des images sans caractère, où l’esprit de l’image n’est pas encore là ? Pour moi c’était tout simplement impensable. Il a donc fallu que je fasse des concessions sur mon équipe caméra (que je remercie) et j’espère que ça n’arrivera plus et que les prods accepteront l’étalonneur comme une donnée de fabrication du film. Par ailleurs, grâce à deux séries d’essais, nous avons déterminé cinq LUTs d’étalonnage avec Mikros qui m’ont permis de travailler sur le plateau en visualisation (avec un Tcube).
Ces LUTs intégraient beaucoup de sat ce qui me permettait de travailler assez finement en couleur et un réglage de contraste fort. Travailler avec un log C à la visée ou au moniteur m’enlève toute envie de cadrer et d’éclairer tellement ça ne ressemble à rien, ça me déprime totalement ! Vivement les visées reflex !

La question de l’Alexa (qui commençait déjà à apparaître avec les débuts de la vidéo et avec le scan d’un nég 35), c’est que bizarrement il y a " une seule pose possible " ; dès qu’on s’en éloigne, on a des dérives. On est beaucoup moins souple qu’en film. Avec l’Alexa, la sous-exposition a un effet terrible sur la couleur et notamment sur les visages qui deviennent uniformément gris, maronnasses. C’est pour ça que, pour moi, c’est une fausse idée cette histoire de " sensibilité " de l’Alexa, c’est vrai qu’on peut aller à 1 600 ISO ou 3 200 mais à quel prix ! Donc je la prenais à 400, comme on disait du temps de l’argentique ; j’avais tendance à la surexposer pour avoir de la couleur.
Par ailleurs la sous-ex, les peaux maronnasses, m’ont poussée à éclairer beaucoup, c’était possible pour ce film-là mais je trouve ça très problématique pour des films fauchés.

Par contre, la latitude de l’Alexa est un vrai bonheur ainsi que la surex que je trouve vraiment très belle. Le grand avantage de l’Alexa est vraiment sa dynamique, surtout pour un film solaire, quel plaisir de se retrouver en intérieur face à un extérieur au soleil et de bien voir cet extérieur sans avoir à éclairer beaucoup. Et les surex sont vraiment très belles, très douces. Ça m’avait frappée sur Melancholia de Lars von Trier, film plutôt sombre et nocturne pendant 45 minutes et, tout à coup, le matin cette lumière un peu aveuglante tout en restant douce, j’étais très surprise de ça, j’ai appris après qu’ils l’avaient tourné en Alexa. Il y a une vraie joie de la surex en Alexa.

Merci encore à Marion Befve, première assistante ; Odile Euriat, seconde ; Gaston Grandin, chef machino et Olivier Godaert chef électro , ainsi que Isabelle Morax, directrice de postproduction qui m’a aidée tout au long de la chaîne.

Équipe

Première assistante caméra : Marion Befve
Seconde assistante : Odile Euriat
Chef électricien : Olivier Godaert
Chef machiniste : Gaston Grandin

Technique

Matériel caméra : TSF Caméra (Arri Alexa)
Postproduction : Mikros image