Les Entretiens AFC

Tourner dans des conditions extrêmes...
entretien entre Pierre Lhomme, Eric Guichard et Robert Alazraki sur la lumière en extérieur

Tourner dans l’Himalaya implique-t-il une contrainte physique particulière ? Eric Guichard : C’est sûr que par rapport à des extérieurs classiques, la contrainte de l’Himalaya, c’est une contrainte physique. C’est-à-dire que faire un plan c’est déjà une difficulté en soi. Mais ça, ça fait aussi un peu partie du jeu. D’ailleurs toute l’équipe a passé un test d’altitude et certains membres ne sont pas partis à cause de ce test. Mon assistante Sylvie Carcedo, qui était quand même limite au niveau du test, a fait plusieurs fois du caisson de (…)

Le problème de la lumière extérieure...
(suite de l’entretien)

P. L. : Ce qui est formidable, c’est de tourner un film à budget relativement modeste où les comédiens sont toujours à disposition. On peut tourner dans l’ordre, c’est le rêve, mais c’est très rare. E. G. : C’est ce qui s’est passé sur Gadjo Dilo, Tony (Gatlif) ne voulait absolument pas tourner décor par décor. Il s’est arrangé pour avoir ses décors, avoir ses comédiens et l’on a tourné du premier plan au dernier, ce qui est contradictoire aussi pour nous parce que dans sa tête, tourner dans l’ordre, ça voulait aussi dire tourner les (…)

On ne peut pas filmer de la même manière Isabelle Adjani et un Dolpopa
(suite de l’entretien sur la lumière en extérieurs)

E. G. : Je voudrais juste revenir sur une chose ; ce qui est différent par rapport au film que Pierre a éclairé et Himalaya, c’est que je n’ai pas eu les mêmes moyens que lui, mais c’est aussi vrai que j’ai pu faire sur Himalaya des choses difficiles parce que j’avais des comédiens qui se prêtaient à des lumières difficiles. Il faut aussi se dire : « Qui va-t-on filmer ? ». On ne peut pas filmer de la même manière Isabelle Adjani et un Dolpopa. Ce sont des questions qu’on se pose forcément quand on prépare un film, on peut imaginer qu’on (…)

Entretien avec David Kessler, directeur général du CNC
accordé à Laurent Houssay

Laurent Houssay - La production française a semblé marquer le pas, doit-on craindre une aggravation de cette tendance ? David Kessler - Si vous prenez le nombre de films produits, on passe de 204 en 2001 à 200 l’année suivante, ce qui reste un chiffre fort car je rappelle que c’est trente films de plus que les années précédentes, 200 reste un nombre historique en termes de films agréés. On a certes constaté un recul des investissements de Canal+, vraisemblablement à cause de la baisse du nombre de ses abonnés, mais il n’y a rien de tout (…)

Références, clichés et exercices de style
par Lucie Adalid, David Chizallet, Louise Courcier, Matthieu-David Cournot, Samuel Lahu et Julien Poupard

Les étudiants du département Image à La fémis nous proposent ce mois-ci un entretien entre William Lubchtansky et Patrick Blossier.

La lumière de votre dernier film, Petites coupures de Pascal Bonitzer, nous paraît être un intéressant point de départ pour aborder votre travail parce qu’elle rassemble des caractéristiques de ce qu’on pourrait appeler votre style, votre sensibilité ou votre recherche : une image très dense, un travail d’atmosphère à partir de la lumière naturelle, qui nous plonge progressivement dans le fantastique.
Comment s’est effectuée l’élaboration de ces différentes atmosphères ?

Entretien avec William Lubtchansky

William Lubtchansky : Dès la lecture du scénario, le film me faisait un peu penser à Hitchcock. J’ai travaillé avec cette référence en tête, notamment dans le traitement des paysages de montagne. Dans les plans de la voiture qui descend de Paris à Grenoble, on était à l’arrière, avec un petit HMI sur batterie. Puis on a mis la caméra à l’avant pour tous les plans subjectifs. On a tourné la séquence de la grande balade nocturne en voiture, avec des passages de tunnels, avec des rétroprojections, en transparence sur fond noir dans les (…)

Entretien avec Patrick Blossier

Patrick Blossier : Moi je n’ai pas appris la lumière en étant assistant. J’étais vraiment concentré sur mon boulot, et je n’ai pas eu le temps de voir ou d’apprécier la lumière des opérateurs avec lesquels je travaillais, qui n’étaient pas très intéressants, à l’exception de Luciano Tovoli. C’est lui qui m’a donné le goût de faire de la lumière. Je n’avais pas le temps de voir comment il faisait, mais c’est juste le plaisir qu’il avait l’air de prendre dans son travail qui m’a donné envie de le faire... Après quoi j’ai fait des courts (…)

Préparation du film "Mission Cléopâtre" photographié par Laurent Dailland
Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre

Ce film représente une année de travail : 4 mois de préparation, 23 semaines de tournage, 8 semaines d’étalonnage numérique au lieu des 5 prévues… Le réalisateur, Alain Chabat, est quelqu’un que j’admire beaucoup. Il y a entre nous, confiance et cohésion et un peu plus que ça... Nous nous sommes rencontrés sur le tournage de La Cité de la peur d’Alain Berbérian. J’aime beaucoup son humanité et pour moi, c’est un vrai cinéaste. Quand il m’a appelé pour éclairer les pubs Orangina, j’étais frappé par son sens de la caméra. Lui qui réalisait (…)

Astérix et Obélix : Misssion Cléopâtre
par Laurent Dailland

Après les premiers retours des essais, j’ai eu une grande angoisse. J’avais très peur de la définition des plans larges après un passage par une chaîne 2K. Alors, j’ai fait un caprice. J’ai ressorti une caméra VistaVision. Finalement l’étalonnage numérique 2K a aligné le tout, et je ne trouve pas que les plans tournés en VistaVision (les plans très larges ou ceux comprenant des matte-paintings) aient plus de pêche que les autres. Seule la perspective (puisque, à champ équivalent, les plans sont tournés en plus longue focale) donne un côté (…)