A propos des nouvelles optiques Leica Thalia
Ou comment Yves Angelo les a utilisées sur "Place publique", d’Agnès JaouiPlace publique est un film avec Jean-Pierre Bacri, Agnès Jaoui, Helena Noguerra et Léa Drucker ainsi qu’une une pléiade d’autres comédiens, qui se déroule durant une journée et une nuit lors d’une pendaison de crémaillère.
Pour ce film qui s’est tourné en août et septembre 2017, Yves Angelo a eu l’idée de proposer à Agnès Jaoui de tourner en VistaVision 8K avec la caméra RED grand capteur. Cela a beaucoup plu à la réalisatrice car, outre la définition, cela lui permettait d’isoler deux ou trois personnages au milieu d’une réception très animée.
En effet, c’est le propos même de son film Place publique : comment les gens sont amenés à se révéler les uns les autres au milieu d’une fête où beaucoup de gens se côtoient.
Avec une caméra grand capteur on utilise que des focales beaucoup plus longues que celles dont on a l’habitude avec les caméras aux capteurs standard et les caméras 35 mm film.
Par exemple, un 45 mm Thalia sur une caméra grand capteur a un champ équivalent à un 25 mm sur une caméra au capteur standard.
En revanche, les caractéristiques des longues focales sont conservées, comme la perspective ou une moins grande profondeur de champ qui permet d’isoler facilement les protagonistes même en plan large.
On peut rappeler que le champ couvert par la focale d’une optique est dépendante du format du capteur de la caméra sur laquelle elle est montée.
Le principe d’une caméra grand capteur étant adoptée, Yves Angelo a fait des essais avec des optiques compatibles grand capteur : les Thalia de Leica, les Cooke S7, les Sygma et des Mamiya recarrossés.
Les optiques Thalia ont été finalement choisies pour trois raisons principales.
Yves Angelo aime les contrastes doux. Il pense que certaines optiques présentent souvent « une illusion de définition à cause d’un contraste fort plutôt que des véritables qualités optiques ». En règle générale, il n’aime pas les objectifs « racoleurs », c’est pour cela qu’il apprécie cette caractéristique inhérente à l’ensemble de la gamme d’optiques Leica : la définition alliée à la douceur.
Il a aussi été surpris d’une réelle différence dans le rendu des couleurs, d’une profondeur de couleurs et de beaux rendus d’effets de soleil naturel avec une « matité » inattendue. Et il aime toujours autant la qualité des flous proposés par Leica.
Sur Place publique, il a donc utilisé six optiques Thalia : 30 mm (équivalent environ à un 18 mm capteur standard), 35 mm (équivalent à un 21 mm), 45 mm (équivalent à un 25 mm), 70 mm (équivalent à un 40 mm), 100 mm (65 mm) et 180 mm (100 mm).
Il observe que l’ouverture des Thalia à T:2.6 permet de tourner de jour et de nuit en intérieur et en extérieur nuit avec un appoint de lumière. Yves Angelo rêverait de tourner avec des objectifs couvrant les grands capteurs qui auraient les mêmes qualités que les Thalia de Leica mais avec un diaphragme plus ouvert.
Son premier assistant caméra, Kevin Laot, souligne que la course de la mise au point est agréable car elle est juste, ni trop courte ni trop longue. Son travail à la mise au point est aussi délicat que quand il utilise des optiques anamorphiques pour des films en Scope. Il est attentif à comprendre l’objet de la scène sur lequel il fait en permanence la mise au point tant la profondeur de champ est faible même si Yves Angelo veillait à avoir un diaphragme autour de T:4.
Ce film Place publique, qui dresse un portrait cinglant de notre société « où chacun – à travers les réseaux sociaux – est désormais célèbre toutes les secondes de sa vie », sortira en salles début 2018.
Propos recueillis par Ariane Damain Vergallo pour CW Sonderoptic - Leica