Arte affiche une stabilité sereine

par Jean-Michel Frodon

AFC newsletter n°115

La filiale cinéma d’Arte, indispensable partenaire du cinéma français, est néanmoins restée sur le plan des volumes financiers un intervenant minime dans la production nationale. La crise qui secoue Canal+, premier bailleur de fonds du cinéma en France, en a fait un interlocuteur de premier plan.

Face à cette situation valorisante, la chaîne a choisi de rester sur ses positions. Le 15 octobre, Jérôme Clément, président d’Arte France, et Michel Reilhac, directeur d’Arte Cinéma, devaient présenter leurs projets, marqués par un choix de stabilité : avec une enveloppe constante à 7,5 millions d’euros, le nombre de titres coproduits devrait même être inférieur aux 26 de 2001.

« Nous disposons de trois cases cinéma par semaine, dont la moitié doit être alimentée par nos partenaires allemands, et il est important de garder un espace pour les acquisitions. De ce fait, nous ne pouvons aller bien au-delà des quelque 20 longs métrages que nous coproduisons annuellement.
Nous ne souhaitons pas intervenir dans des films beaucoup plus chers, qui ne correspondent pas à l’identité de notre chaîne, même si nous sommes maintenant sollicités même pour des superproductions. En revanche, notre entrée en coproduction a désormais un effet déclencheur, qui convainc d’autres partenaires de cofinancer les projets » explique Jérôme Clément.

Selon Michel Reilhac, les demandes d’intervention de la chaîne sur des projets sont passés de 375 à 600 en un an. Dans ce contexte, certaines options de développement sont annoncées. La première concerne la possibilité d’augmenter malgré tout un peu (environ 600 000 €) les ressources de la filiale cinéma de la chaîne en s’amarrant à une Sofica « en attendant, éventuellement, d’en créer une nous-mêmes ».
Une deuxième option concerne les films coproduits par la chaîne franco-allemande, capable de mobiliser des fonds beaucoup plus importants. Ce mécanisme pourrait devenir accessible à 8 films européens " ambitieux " contre 6 actuellement.

Ensuite, le passage à la diffusion toute la journée, annoncée pour 2004, permettrait l’ouverture « d’au moins une nouvelle case cinéma ». De plus, des possibilités de partenariat avec des chaînes européennes, sont en train de se mettre en place, notamment en Espagne.
En revanche, le projet de création de chaînes thématiques dédiées aux cinémas d’auteur du monde entier, est aujourd’hui en sommeil. « Mais nos dossiers sont prêts », souligne Jérôme Clément.

Enfin, Arte envisage d’accroître sa présence dans l’univers cinématographique en articulant davantage le travail de production et de diffusion à celui de l’édition en DVD.
Un élargissement qui pourrait être encore conforté par une émission consacrée au cinéma, avec l’Europe comme horizon, et « la volonté de susciter d’autres désirs de films que ceux provoqués par la publicité », résume Michel Reilhac.
(Jean-Michel Frodon, Le Monde, 16 octobre 2002)