Fermeture prochaine du Musée du cinéma de Moscou
Dans quelques jours, le Musée du cinéma de Moscou va définitivement fermer ses portes.
C’est la fin de la résistance, depuis près de dix ans, du musée et de sa cinémathèque (3 000 mètres carrés) aux assauts des propriétaires - entre autres l’Union des cinéastes dirigée par Nikita Mikhalkov - lancés dans une privatisation tous azimuts du lieu, morcelé en de multiples structures commerciales dont un casino et un strip-bar.
Malgré la bataille judiciaire en cours ces dernières années entre locataires et propriétaires, le musée continuait à fonctionner, attirant des milliers de jeunes cinéphiles moscovites indifférents aux procès, aux menaces d’expulsion, aux coupures d’électricité.
Des cartons s’entassent dans les couloirs, la sono Dolby stéréo offerte par Jean-Luc Godard attend d’être empaquetée... « La maison a été vendue, on ne sait ni à qui, ni combien, ni comment. C’est une histoire typique de la période néobolchévique que nous traversons », explique Naoum Kleiman, son directeur. La fréquentation était à son comble et l’enthousiasme du public était tel que jamais personne ne rechignait à monter à pied les cinq étages vers les salles de projection, l’ascenseur étant toujours en panne.
Mais Naoum Kleiman n’est pas homme à se résigner. C’est un optimiste. Il est persuadé que le musée retrouvera un local, le ministère de la culture l’ayant promis. Des musées moscovites ont tendu la main, proposant de prêter leurs salles pour les expositions. Les jeunes spectateurs se sont impliqués, créant un site organisant des manifestations.
« Ma génération passait son temps à se lamenter, les jeunes, eux, sortent dans la rue. Au fond, le pays évolue lentement, par à-coups. Reste à attendre le prochain », assure-t-il avec confiance.
(D’après Marie Jégo, Le Monde, 24 décembre 2005)