Gilles Henry

by Gilles Henry AFC newsletter n°118

Il y a quelque temps, rentrant chez moi une nuit assez froide et venteuse de décembre, je trouvai dans ma rue quelques projecteurs, une équipe de tournage autour d’un combo… Renseignements pris auprès d’un électro, il s’agissait d’un film de Pierre Salvadori, "A fleur de peau".
Le comédien qui répétait la scène et courait là-bas, précédé d’un Steadicam, était en fait le réalisateur, qui faisait la doublure de Daniel Auteuil, installé lui, confortablement emmitouflé, dans un fauteuil de toile.
Le grand jeune homme qui observait l’image sur le combo était le directeur de la photo : Gilles Henry.

Et tout de suite une réflexion m’est venue à l’esprit : pourquoi ne lui avait-on pas encore proposé de rentrer à l’AFC ? J’ai toujours apprécié son travail dans les films de Pierre Salvadori, Philippe Harel ou Laurent Bouhnik, des films dans lesquels la photo ne se met pas inutilement en avant, mais sert le propos avec élégance et simplicité apparente.
"La Femme défendue", particulièrement, représentait pour moi une gageure réussie. Cette caméra "subjective" aux cadrages le plus souvent fixes aurait pu sembler un simple effet de style, alors qu’elle était créatrice d’émotion ; au point que je me demandais si ce n’était pas le réalisateur lui-même qui la tenait, isolé avec sa comédienne du reste du monde.
Eh bien non, je me trompais.
Gilles m’a raconté depuis qu’en fait, il y avait même un cadreur et que le cadre était contrôlé par Philippe Harel et lui-même sur un combo.

Donc, ce soir-là, j’abordai Gilles et bavardai avec lui quelques instants ; je lui dis que j’avais l’intention de le proposer comme membre de l’AFC au comité d’admission, s’il en était d’accord. Il en parut enchanté.
Ce qui fut dit…
Et voilà Gilles enfin membre de l’AFC.

Il est sorti de Vaugirard-Louis Lumière en 1983.
Il a travaillé comme assistant opérateur sur une trentaine de longs métrages et encore plus de films publicitaires. C’est sur "Van Gogh" de Maurice Pialat qu’il a exercé pour la première fois le métier de directeur de la photo, prenant la suite d’Emmanuel Machuel, lors d’un bouleversement d’équipe dont Maurice Pialat était coutumier. Gilles avait déjà travaillé avec lui, comme assistant opérateur, sur "Police" et "Sous le soleil de Satan".
Il dit avoir beaucoup appris à ses côtés. Il commença "Le Garçu", mais, cette fois, ce fut lui qui fut remplacé (par Jean-Claude Larrieu, puis Myriam Touzé).
Les réalisateurs cités plus haut lui restent fidèles, pour la plupart, ce qui devient rare de nos jours…
Bienvenue à l’AFC, Gilles, j’espère que tu en seras un membre très actif !