Jeanne Lapoirie, AFC, invitée de "Plan Large" sur France Culture
En attendant la 46e cérémonie des César, Plan Large inaugure une nouvelle série d’émissions consacrées aux métiers du cinéma, dressant des portraits de ces maillons indispensables qui contribuent, dans l’ombre, à la fabrication des films. Pour cette première séance, lumière sur la direction de la photo, ou comment traduire en images un récit et la vision d’un(e) cinéaste, avec la cheffe opératrice Jeanne Lapoirie, nommée trois fois aux César de la meilleure photographie, pour 8 femmes, de François Ozon, Michael Kohlhaas, d’Arnaud des Pallières, et 120 battements par minute, de Robin Campillo.
« C’est plus excitant de tourner dehors avec la lumière naturelle. A l’intérieur, je m’arrange toujours pour tourner avec le décor orienté à l’est ou au sud. Je trouve ça plus beau et plus vivant et même si c’est plus difficile, je trouve que ce sera toujours plus beau que de la lumière artificielle. En studio, il y a moins de surprises. J’aime le hasard et c’est André Téchiné qui m’a orientée dans cette voie. (...) Je préfère vraiment cadrer car cela instaure une relation particulière avec les comédien(ne)s qui est très agréable. »
« Le goût d’Arnaud des Pallières va vers des images sombres et contrastées. On s’est bien trouvés tous les deux. J’aime beaucoup le contraste, on peut le voir notamment dans Les Roseaux sauvages, d’André Téchiné. Avec Arnaud des Pallières, on est partis dans une image très contrastée avec des couleurs saturées, il est allé très loin. Il me faisait descendre dans le sombre à l’étalonnage, ça a créé une ambiance particulière. Ça a été un plaisir de tourner ensemble, le moindre événement lumineux devait être filmé. Michael Kohlhaas est mon premier film en numérique et je ne suis plus jamais revenue à la pellicule ensuite. En numérique, je choisis moi-même le diaphragme dans la visée, ça m’a permis de pouvoir filmer des fausses teintes (quand les nuages passent par exemple). Ça a été une grande liberté. » Jeanne Lapoirie
- Lien vers l’émission et sa réécoute sur le site de France Culture.
La chronique de Charlotte Garson
En fin d’émission, la chronique de Charlotte Garson sur le DVD et Blu-Ray du film Thérèse, d’Alain Cavalier (édité chez Tamasa), en attendant sa ressortie en salles en version restaurée, qui révéla la comédienne Catherine Mouchez. La vie très austère du Carmel, un dispositif très dépouillé, sans concession à la facilité, une lumière aussi picturale qu’irréelle signée du chef opérateur Philippe Rousselot, [AFC, ASC], n’ont pas empêché le film de créer l’événement au Festival de Cannes en 1986, qui lui décerne le Prix du jury, et aux César l’année suivante, 6 récompenses, dont celui du meilleur film et du meilleur réalisateur pour Alain Cavalier. C’est aussi son plus grand succès en salles : presque 1,5 millions d’entrées.
« Ce qui rend ce film inoubliable, c’est bien sûr un visage, qui est lui-même une épiphanie. "Thérèse" organise le surgissement de Catherine Mouchet. (...) Ce film est une approche artisanale de la règle monastique, où chaque corvée participe comme supplément d’amour, qui transforme une perte en un plein. » Charlotte Garson
Episode 2 : Jean-Pierre Duret (13 février)
Pour cette deuxième séance, c’est le grand ingénieur du son Jean-Pierre Duret, collaborateur de Maurice Pialat, Huillet et Straub, ou encore Agnès Jaoui, qui nous ouvre les oreilles sur son travail.
Episode 3 : Agnès de Saci (20 février)
Plan Large continue sa série consacrée aux métiers du cinéma. Pour cette troisième séance, comment un film s’écrit, avec la grande scénariste Agnès de Sacy, co-autrice des films d’Hélène Angel, Pascal Bonitzer, ou encore Valeria Bruni-Tedeschi.
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