L’éditorial de la Lettre d’avril 2009
par Caroline ChampetierMais aujourd’hui " les guichets " où les producteurs vont chercher leurs financements pour les films sont démultipliés : chaînes, régions, Sofica, crédits d’impôts, etc., cela met en présence des parts de coproduction non convergentes, chacun tire la couverture à lui et le film peut facilement dévier de son projet initial. Cependant cette démultiplication ne signifie en aucun cas une absence d’argent.
Comment se fait-il alors que l’outil de travail soit aussi dégradé ?
En grande partie parce que la valeur " perçue " des intervenants techniques, particulièrement à l’image, a énormément baissé.
Depuis que la photo numérique existe, faire une image est devenue un acte de masse et qui plus est souvent détaché de toute contrainte et de toute contingence technique.
L’image appartenant à tout le monde, dans les trois notions qui fondent sa valeur finale (valeur coût, valeur d’usage, valeur perçue) il s’est opéré un basculement de proportion. Cela amène la disparition de la valeur ajoutée qui était intrinsèquement liée à l’exercice de notre travail.
La valeur ajoutée d’un directeur de la photo, d’un outil particulier – caméra, objectifs, projecteurs, matériel de machinerie –, d’une prestation de laboratoire, c’est justement ce que chaque paramètre apporte, donc ajoute, au projet initial et dont ce même projet ne bénéficierait pas sans lui.
Pourquoi le directeur de la photographie est souvent réduit à un rôle d’exécution, c’est parce qu’il est de moins en moins responsable des choix techniques, donc financiers, sur ce qu’il a à livrer.
On nous demande de moins en moins ce qu’il faudrait faire pour obtenir tel ou tel rendu d’image mais on nous dirait plutôt, voilà ce qu’il y a, tu prends.
Il est donc urgent de faire entendre et de réinventer, comme nos partenaires/membres associés, une pédagogie de notre savoir-faire, de notre expérience, de notre implication artistique et assurer que nous sommes toujours les explorateurs les plus avertis des nouveaux usages.