La rédemption d’Hollywood cinquante ans après, une exposition sur le maccarthysme
Dans une vitrine : les fameuses listes noires. Proprement rangés en colonnes, les noms des scénaristes, réalisateurs et acteurs que les studios n’avaient plus le droit de faire travailler parce qu’ils étaient, peut-être, communistes. En face de chaque nom, celui du « dénonciateur » qui avait « parlé » devant la commission parlementaire chargée de repérer les « activités anti-américaines ».
A partir de 1947, les conservateurs voient des rouges partout, surtout à Hollywood où ils diffuseraient une dangereuse propagande communiste dans leurs films. Le sénateur McCarthy, flanqué de son adjoint, Richard Nixon, dirige d’une main de fer le comité des activités anti-américaines. Ceux qui y sont convoqués et refusent de parler sont envoyés en prison. Brecht jurera qu’il n’est pas communiste et préférera retourner illico en Allemagne. Dalton Trumbo (après neuf mois de prison) s’exile au Mexique ; Jules Dassin, Ben Barzman et John Berry, en France ; Joseph Losey, en Angleterre.
Au début, à Hollywood, menés par John Huston, les gens protestent contre ces persécutions, au nom du First Amendment, ce droit de penser et dire ce que l’on veut. Mais les studios plient face au gouvernement, quoique, officiellement, les listes noires n’aient jamais existé. L’exposition se termine par la salle intitulée Rédemption, où Hollywood s’excuse, remet les vrais noms des auteurs sur les génériques (Ne pouvant plus travailler, les artistes " black listés " se cachaient derrière des pseudos).
(Libération, 6 février 2002)