Philippe Théaudière, la Modestie et la Discrétion
Par Angelo CosimanoPhilippe vient de nous quitter avec la même discrétion que celle qui a régenté son passage parmi nous.
J’ai appris sa disparition par un faire-part arrivé par la poste, au jour et à l’heure de ses funérailles, difficile de faire plus discret, comme s’il avait voulu éviter toute publicité et rester fidèle à sa discrétion légendaire.
Philippe ne parlait qu’en cas de nécessité. Il ne racontait jamais sa vie professionnelle. Il se contentait d’essayer de la gagner et pour cela ses choix ressemblaient parfois à des contraintes matérielles. N’empêche, il sut être là pour servir Jean Eustache dans presque tous ses films, ou bien encore Otar Iosseliani à ses débuts. A n’en pas douter, Philippe a beaucoup donné et je doute qu’il reçut à la hauteur de son investissement personnel.
J’ai rencontré Philippe il y a plus de trente ans, sur quelques émissions de télévision où son travail sortait des habitudes de l’époque. Il n’y avait jamais rien à jeter. Ses demandes étaient toujours justifiées et le résultat nous installait dans un confort trop rare.
Sa fin de carrière fut consacrée à de nombreux documentaires sur le monde de la peinture, réalisés par son vieux complice Michel Van Zele, avec comme seuls moyens techniques les bouts de ficelle que le service public octroie à ces films depuis de trop nombreuses années. Philippe y faisait merveille. Je suis certain qu’il prenait un malin plaisir à obtenir une très belle image avec des outils – la vidéo du siècle passé – conçus pour enregistrer la sortie du conseil des ministres.
Pas plus qu’il ne racontait sa vie, je ne l’ai jamais entendu se plaindre. Philippe n’aimait pas poser de problèmes, il n’aimait que les solutions.
Bon voyage et merci, merci !
Angelo Cosimano, qui a longtemps travaillé chez Eclair et Digimage, est l’actuel délégué général de la CST.
- Lire un hommage du réalisateur Michel Van Zele publié dans la Lettre de la CST de janvier 2017.