Retour sur le Club Fuji des Directeurs Photo
soirée du 10 décembre 2002Même si ce petit aparté n’y répondra sans doute pas suffisamment, voici quelques réflexions qui ont jalonné la préparation du programme de la soirée.
Le point de départ
Fujifilm ne propose pas à ce jour de " solution numérique globale pour le cinéma ", les appareils photographiques de la marque sont extrêmement performants, mais côté salles obscures, ni la capture ni la projection numérique ne font partie de nos métiers et ne sont à l’ordre du jour (cf. : O. Bomsel et G. Le Blanc, Dernier Tango argentique Le Cinéma face à la numérisation, Les Presses de l’Ecole des Mines de Paris, collection Sciences économiques et sociales, Paris, 2002).
Mais qui peut prétendre que le " cinéma numérique " existe ? Que cela signifie-t-il : capture, postproduction, copie, distribution, projection, archivage, sauvegarde ?
Quand l’intégralité de cette chaîne passera par une technologie numérique, nous en reparlerons, d’ici là, le " cinéma numérique " n’existe pas plus que les voyages sur la lune : c’est techniquement possible, mais tant que les paramètres humains, économiques, et même politiques, ne seront pas réunis, ça n’arrivera pas tous les jours .
Donc, faisons table rase des probables, des possibles et autres avenirs à l’agenda inconnu et penchons-nous plutôt sur ce qui fonctionne aujourd’hui sur le terrain et que nous savons faire réellement : la pellicule.
Le choix du thème
Partant de ce point, que constatons nous ?
Tri CCD, DV, 24P, S16 mm ou 35 mm, télécinéma, scan, HD/2K, 4K, étalonnage numérique, imageur, shoot, kinéscopage, DLP, positive HC, DVD, quel coût, quel délai, quel interlocuteur, quel prestataire ?
Les mots (pour ne pas dire les maux) et les questions fusent. Producteurs et directeurs de productions souhaitent comparer les coûts de filières incomparables : « Vais-je tourner en DV ou en S16 ? Quel procédé pour passer du négatif S16 au positif 35 mm ?… »
Sans parler des questions récurrentes :
« Que fait FujiFilm pour (!?) le numérique ? »
Fuji propose et défend des outils destinés à la fabrication d’images, pas une technologie.
« J’ai lu que les Japonais arrêteront de faire de la pellicule en 2010, est-ce vrai ? »
Intox. Source : le magazine d’une grande marque de caméras numériques.
« Il y aura des effets spéciaux dans mon film, quelle pellicule me conseillez-vous ? »
Chaque film est différent. Chaque pellicule l’est aussi. Un calage sur une E.I. 250 ne sera plus forcément bon pour une E.I. 500…
« Le cinéma numérique ne vous fait pas peur ? »
« Non. »
Combien de fois avons-nous entendu ces discours ? Qu’en est-il dans les faits ? Le pays de Sony et de Matsushita produirait-il une pellicule numériquement incompatible ?
La sélection des extraits
Le champ de ce que l’on nomme " cinéma numérique " étant tellement vaste (un article très sérieux à vocation pédagogique évoque même le " numérique digital " !), la première étape était d’en définir les contours.
Six observations et critères ont servi de base à notre démarche :
1) Choisir des images issues de l’unique secteur de l’industrie cinématographique où " le numérique " est parvenue à maturité : la postproduction
2) Sélectionner des extraits de films produits et distribués en salle de façon " classique " afin de s’approcher au maximum des images proposées au spectateur lambda payant son billet
3) Faire le tour des technologies utilisées au quotidien ici et maintenant
4) Choisir des images produites par des artistes, des techniciens et des sociétés basés en France
5) Montrer le travail du plus grand nombre possible de prestataires concernés
6) Comparer ce qui est comparable, à la prise de vue notamment : pas de DV, mais au minimum, de la HD…
Voilà quelques-unes des grandes lignes qui ont conduit à cette soirée. Les débats sur le sujet seront encore nombreux, sans doute. Gardons les yeux et l’esprit ouverts.
PS : Pour ceux qui le souhaitent, nous vous proposons de voir ou revoir au moins une partie de ce programme le mercredi 5 mars, entre 17 h et 19 h à l’Ecole nationale supérieure Louis-Lumière.