Une lutte qui cherche à rebondir

par Bruno Masi

AFC newsletter n°126

A l’évidence, si on fait scrupuleusement le détail des troupes, la mobilisation est en perte de vitesse. Les actions comme celle menée samedi à La Plaine-Saint-Denis relèvent plus du désarroi que de l’acte politique.
Parallèlement à ces coups médiatiques, la réflexion s’est pourtant bien poursuivie. Les intermittents, indépendamment de tout syndicat, ont élaboré un nouveau modèle possible d’indemnisation où ils remplacent les annexes 8 et 10 par une annexe unique, rétablissent le seuil de 507 heures sur douze mois nécessaires à l’affiliation, et remettent en vigueur la date anniversaire pour le réexamen de leurs dossiers par l’Unedic. Depuis septembre, les rencontres avec les spectateurs se sont multipliées. La manifestation, forme traditionnelle de revendication sociale, ne semble plus en phase avec un mouvement qui prône désormais davantage la réflexion et le dialogue.

Devant le silence persistant du ministre de la Culture, Jean-Jacques Aillagon, les intermittents en sont réduits à penser dans leur coin. Après les manifestations estivales, la coordination mise sur la justice.
Les recours en justice, lancés début octobre, portent sur les manipulations de signatures qui ont eu lieu entre la ratification de l’accord en juin, celle de l’avenant signé le 8 juillet et l’agrément donné par le ministère des Affaires sociales, un mois plus tard.
A Paris hier, ils n’excluaient pas d’autres actions plus spectaculaires, tout en reconnaissant « l’énorme difficulté à monter de telles opérations ». Avant de rappeler que leur principal objectif est « d’être entendus par le plus grand nombre ».
(Bruno Masi, Libération, 20 octobre 2003)