Hors-saison

Hors saison est le quatrième film que Stéphane Brizé et moi-même partageons.
J’étais très heureux de le retrouver après son formidable triptyque sur le monde du travail.
Stéphane travaille énormément en préparation. Dès nos premiers échanges autour du projet, il m’a montré ses "notes filmées" prises avec son téléphone et montées sur la musique du film composée en amont par Vincent Delerm pour un film très musical. Sur cette musique, ses "notes filmées" devenaient de véritables plans qui m’ont tout de suite stimulé.

Lors de notre première virée sur les décors, surgit tout d’abord l’hôtel de thalassothérapie : le territoire du ridicule, de l’absurde et de la prétention. De la solitude aussi. Un monde à la Tati.
En nous baladant sur la côte sauvage de Quiberon, Stéphane m’évoquait son envie de rendre à l’image l’immuable majesté de la nature - forte et tourmentée pour ce qui est de l’océan - et qui recueille l’éphémère de nos petites existences, le dérisoire de nos traversées sentimentales qui pourtant mènent nos destinées.
Empreinte de nostalgie, la ville de Quiberon désertée à l’arrière-saison recueillerait l’essentiel de son récit.

Stéphane voulait une image douce, minimaliste et modeste. Quelque chose qui évoque cette nostalgie sans qu’on puisse l’associer à une période de cinéma en particulier. Je lui proposais le format 1,66. Ce format me semblait juste pour "encadrer" ces deux amoureux dans une nature aussi grandiose par son étendue que verticalement par ses ciels. Cadrer aussi l’architecture.
Enfin c’est un format qui permet également d’isoler les personnages.

Sur ce film je tourne en Alexa Mini avec des zooms Angénieux qui ouvrent au maximum à 2.8 et je "tire" un peu sur le capteur à 1 600 ISO. Les zooms sont faits à la prise de vue, en connivence avec Stéphane... Et le jeu de nos formidables acteurs.

Mettre mes pas dans ceux des personnages : "… plus bas, plus haut, plus lent, plus rapide, non, serpente un peu stp ! "
Mettre mes pas dans ceux des personnages : "… plus bas, plus haut, plus lent, plus rapide, non, serpente un peu stp ! "


Stéphane et moi-même sommes passés au numérique ensemble en 2012, sur Quelques heures de printemps et, comme moi, il reste un grand nostalgique de la matière argentique. Aujourd’hui sa méthode de tournage repose sur des prises très longues et tournant de nuit comme de jour avec des zooms, nous travaillons désormais avec une matière numérique.
Dès la préparation nous avons établi une palette avec Yov Moor, et le très talentueux coloriste Thomas Bouffioulx m’a accompagné sur l’étalonnage final. Depuis l’avènement de la postproduction numérique, et comme le font les équipes son, les directeurs de la photo devraient davantage partager le crédit de l’image d’un film avec leurs coloristes. Les choix demeurent les nôtres, mais les coloristes prolongent largement notre geste. Merci à eux.

Marie Demaison, équipe B, toujours prête à la belle heure
Marie Demaison, équipe B, toujours prête à la belle heure


Pour finir, ce film est venu renforcer encore une fois ma conviction que faire ce métier sans cadrer me laisserait insatisfait. Quel plaisir et que d’émotions d’avoir été si proche d’Alba Rohrwacher et de Guillaume Canet... pour ne parler que de ces deux-là.

Stéphane Brizé, Christophe Bassoulet, Antoine Heberlé : "25 sec pour le prochain nuage. Tu paries ?"
Stéphane Brizé, Christophe Bassoulet, Antoine Heberlé : "25 sec pour le prochain nuage. Tu paries ?"

Bande-annonce officielle


https://youtu.be/EoRDXEwkC_E

Portfolio

Équipe

Caméra et équipe B : Marie Demaison, assistée de Lucie Bracquemont
Première assistante opératrice  : Hélène Degrandcourt
Deuxième assistante opératrice : Charlotte Picard
Chef électricien : Stéphane Assié
Chef machiniste : Nicolas Eon
Coloriste : Thomas Bouffioulx

Technique

Matériel caméra : TSF Caméra (Arri Alexa Mini, zooms Angénieux Optimo 45-120 mm et 28-76 mm, série Zeiss Gecko T1.3)
Matériels lumière et machinerie : TSF Lumière et TSF Grip
Postproduction : A la plage Studio

synopsis

Mathieu habite Paris, Alice vit dans une petite cité balnéaire dans l’ouest de la France. Il caresse la cinquantaine, c’est un acteur connu. Elle a dépassé la quarantaine, elle est professeure de piano. Ils se sont aimés il y a une quinzaine d’années. Puis séparés. Depuis, le temps est passé, chacun a suivi sa route et les plaies se sont refermées peu à peu. Quand Mathieu vient diluer sa mélancolie dans les bains à remous d’une thalasso, il retrouve Alice par hasard.