Halyna Hutchins s’en est allée dans l’exercice de son métier de directrice de la photographie
• « Je suis particulièrement attristé par la perte d’Halyna. Et tellement furieux que cela puisse arriver sur un plateau de tournage. C’était un talent remarquable, totalement au service de l’art et du cinéma. », a tweeté le réalisateur Adam Egypt Mortimer, cité par The Hollywood Reporter.
• « Je suis sous le choc. J’ai eu une telle chance qu’Halyna Hutchins soit ma "DP" sur Archenemy. C’était un talent incroyable et une personne formidable. Je ne peux pas croire que cela puisse arriver de nos jours... Un coup de feu, tiré d’une arme utilisée comme accessoire, pourrait tuer un membre de l’équipe ? Quelle horrible tragédie. Je suis de tout cœur avec sa famille. », s’est exprimé l’acteur Joe Manganiello.
• « Halyna Hutchins était un rayon de lumière. Toujours souriante, toujours optimiste. Son talent était immense, seulement surpassé par l’amour qu’elle portait à sa famille. Tous ceux qui gravitaient autour d’elle savaient ce qui allait advenir : une "star" directrice de la photographie, qui serait une force sur laquelle il faudrait compter. », a déclaré Innovative Artists, son agent.
L’hommage de l’ASC (American Society of Cinematographers) à Halyna Hutchins
« Halyna était une directrice de la photographie brillante, talentueuse et déterminée. Elle avait une grande carrière devant elle et une famille solidaire avec qui partager son succès. »
- Lire l’article, en anglais, sur le site Internet de l’ASC.
En 2019, Halyna Hutchins (2e à partir de la droite en haut de l’image ci-dessous) comptait parmi les dix "Rising Stars" de la direction de la photographie sélectionnées par trois des contributeurs de l’ASC.
- Lire l’article sur le site de l’ASC.
• « C’est avec une très grande peine que nous avons appris le décès de la directrice de la photographie Halyna Hutchins sur le tournage du film Rust. Nous sommes aujourd’hui sous le choc et l’incompréhension.
Toutes nos pensées accompagnent sa famille ainsi que son équipe dans cette horrible tragédie. » Femmes à la caméra (posté sur Facebook et Instagram)
• « C’est terrifiant ce qui s’est passé car il y a deux ans, je tournais un film avec Alec Baldwin où l’on a utilisé des armes tout le temps. C’était un tournage en extérieur dans une église, il y avait au moins vingt personnes armées en train de se tirer dessus... Bien sûr, on a fait tout ce qu’on pouvait pour que ce soit sécurisé en croyant que c’était sans risque. Mais en même temps, maintenant, je ne sais plus ! Est-ce dangereux ? Alec Baldwin tirait vers la caméra continuellement, on avait du Perspex entre nous et lui... Est-ce que c’était suffisant ? Je ne sais pas. Quelles sont les règles ?
Nous devons connaître exactement ce qui s’est passé pour notre sécurité à tous. » John de Borman, AFC, BSC
• « Je ne peux pas m’arrêter de penser aux dernières minutes de la vie d’@halynahutchins sur le plateau. Parce que je suis un directeur de la photographie. Je me rappelle tous les jours où j’étais aussi en train de filmer des acteurs tirant avec une arme en gros plan et leur disant : "S’il te plaît, pointe ton arme vers l’objectif... le plus près possible". Parce que ça ferait un meilleur plan.
« Je ne peux pas m’arrêter d’imaginer comment elle a cadré le dernier plan de sa vie. Ce qu’elle a dit à l’acteur, si elle a essayé différentes optiques, une hauteur de caméra différente, différentes distances. J’espère qu’elle n’a pas eu le temps de réaliser ce qui lui arrivait.
Je veux présenter mes condoléances à sa famille et ses amis proches.
Je sais que tous les directeurs de la photo du monde entier ressentent ce qui est arrivé à Halyna très profondément. Halyna, nous t’aimons.
#cinematographers » Benoît Delhomme, AFC (Mots postés sur Instagram)
• « Quel choc face à cette terrible nouvelle. Il n’y a pas de mots…
C’est d’une tristesse absolue, un gâchis immense et surtout complètement incompréhensible et inadmissible.
Mes pensées vont aux proches et à la famille d’Halyna. » Antoine Marteau, AFC
• « Nous avons souvent du mal à trouver les mots justes et c’est peut-être la raison pour laquelle nous sommes des directeurs de la photographie, pour exprimer nos émotions avec des images, quelque part entre la lumière et les ombres.
Nous avons appris à enlacer les parties les plus lumineuses et les plus sombres de nos images, car c’est ce qui les rend plus significatives. Nous savons que la vie est pleine de contraste, comme nos images, et nous savons que derrière ce contraste se cache une beauté que nous ne pouvons expliquer.
Aujourd’hui, je veux envoyer mes images à Halyna. Je crois que la lumière du soleil et de la lune ne sera plus la même. Elle sera magnifiée par son génie et sa sensibilité.
Aujourd’hui, nous sommes tous connectés. J’envoie toute mon affection à sa famille. » Aymerick Pilarski, AFC
• « Comme chacun de nous, je souhaite que l’enquête diligentée autour du drame qui a ôté la vie à Halyna Hutchins révèle dans les prochaines heures la somme d’erreurs commises afin que cela ne se reproduise pas et que "le cinéma ne demeure à jamais que du cinéma"... Et, puisque l’occasion nous est donnée de sortir de l’ombre certaines professions qui nous permette, à nous, directeurs et directrices de la photographie, de tourner certaines images avec plus de sécurité, je voudrais rappeler ici ce que beaucoup de nous considérons comme des "fondamentaux"...
Combien sont celles et ceux, tapis dans l’ombre, souvent relégués au fin fond d’un générique – quand on ne les oublie pas – à qui nos images (mais aussi notre sécurité) doivent tant ? Si avant de débuter un tournage, nous éprouvons parfois la joie de retrouver tel ou telle technicien(ne), n’est-ce pas souvent parce que nous avons pour eux (elles) une immense estime pour la manière qu’ils (elles) ont d’exercer leurs professions ?
Si certains départements sont plus sensibles que d’autres – celui des artificiers et des effets spéciaux, par exemple – la liste de celles et ceux à qui nous devons tant est longue. Comment ne pas penser aux cascadeurs[1] qui calculent chaque fois au millimètre leurs trajectoires en minimisant au maximum le risque, auprès de celles et ceux qui les entourent... Énormes pensées pour Kevin C. actuellement en centre de rééducation à cause d’une mauvaise chute en moto pour l’obtention d’un plan où il n’a blessé personne. Si le risque zéro n’existera jamais, convenons que le professionnalisme de certains techniciens doit être loué avant que l’amateurisme d’autres ne soient blâmés.
Combien d’assistants caméra et de machinistes ont-ils déjà sauvé la vie d’un opérateur en évitant qu’un véhicule ne les percute ? Combien d’électriciens ont-ils évité des accidents en prenant les secondes nécessaires pour sécuriser l’accroche d’un projecteur afin que jamais il ne puisse s’écraser sur le crâne d’un comédien ou d’une personne de l’équipe ? Combien d’assistant(e)s réalisateurs(trices), au milieu d’un plan de travail surchargé, ne sous-estiment pas pour autant le temps nécessaire pour tourner un plan qui demande parfois une attention plus importante que pour un plan classique ? Que le travail du (de la) directeur(trice) de production est important quand il s’agit de bien mesurer ce que veut dire le tournage d’une séquence dans un lieu parfois plus délicat qu’un autre... Que l’analyse et la réflexion d’un(e) régisseur(euse) sur une situation précise est louable quand nous pouvons tourner des images en toute sérénité malgré un contexte imposé... Qu’une équipe de tournage qui travaille de concert est belle quand chacun est respecté et écouté pour ses compétences... Que cela se complique quand il en est pas ainsi...
Les technicien(ne)s qui sont derrière nos images ne sont pas seulement celles et ceux qui constituent le "département image"... Je pourrais ajouter le travail des animaliers qui ont pour devoir de faire en sorte que leurs animaux exécutent ce qui écrit dans le scénario mais aussi ne blesse pas l’un de nous malgré la singularité de ce qu’on exige et la proximité que nous avons auprès d’eux... Comment oublier également la compétence des accessoiristes et des constructeurs pour qui la notion de sécurité est omniprésente, qu’il s’agisse de servir une soupe chaude (et non pas bouillante) à des comédiens ou de construire, par exemple, une cabane en haut d’un arbre qui va devoir accueillir trois ou quatre personnes avec une caméra…
A l’heure où des coupables ne manqueront pas d’être désignés de l’autre côté de l’Atlantique et où des langues ne manqueront pas de se délier de part et d’autre, il m’était impossible de ne pas avoir une pensée pour toutes celles et ceux qui travaillent extraordinairement bien avec qui que j’ai eu la chance de collaborer derrière une caméra et au milieu de la folie de ce que peut devenir un tournage... » Gilles Porte, AFC