L’éditorial de la Lettre de juin 2017
Par Richard Andry, coprésident de l’AFCAlors, nous est sorti des urnes un jeune et fringant président, qui parle devant la Pyramide du Louvre, grimpe les escaliers en courant et remonte les Champs-Elysées sur un véhicule militaire. Cela peut paraître un brin "remake" d’Abel Gance mais ces belles images "made in France" ont fait le tour du monde car, n’en déplaise à certains, le monde est devenu vraiment global et, dorénavant, il faut compter faire avec les autres.
C’est ce que nous avons pu apprécier à Amsterdam, à l’occasion de la Master Class Imago Inspiration, qui rassemblait Jeanne Lapoirie, AFC, Phedon Papamichael, GSC, ASC, et Anthony Dod Mantle, DFF, BSC, ASC.
Puis ce fut le 70e Festival de Cannes, deuxième événement mondial en termes de retombées médiatiques après les jeux Olympiques, et preuve bien vivante de cette mondialisation.
Et si le nouveau ministre de la Culture – que nous saluons au passage et à qui nous demandons de prendre soin du cinéma et de son petit peuple – a manqué la cérémonie d’ouverture pour cause de tardive nomination, cela n’a pas empêché le festival de démarrer sur les chapeaux de roues avec la polémique Netflix, il est vrai balayée et rapidement poussée sous le tapis rouge des marches du palais, mettant de côté au passage un débat sur la fameuse chronologie des médias, si chère à notre pays.
Les plateformes internationales vont-elles maintenant dicter leur loi dans le paysage médiatique ? Les "smartphoneurs" vont-ils remplacer les spectateurs des salles obscures ? Trêve de polémique donc, on revint bien vite à la création artistique et put saluer le travail de nos collègues. Nombreux "films AFC", nombreux amis étrangers venus accompagner leurs films, dont on a pu suivre, voir, lire et relire les entretiens dans notre Lettre quotidienne grâce au formidable travail de Jean-Noël Ferragut, Laurent Andrieux, Eric Guichard, Brigitte Barbier et François Reumont : une trentaine d’articles et vidéos. Du bon boulot. Bravo !
Il y a eu l’hommage rendu à Christopher Doyle, HKSC, qui reçut, lors d’une cérémonie mémorable, le Prix ExcelLens Pierre Angénieux. Quel artiste extraordinaire qui nous a gratifié d’un petit film autobiographique, distancié, poétique et quasi psychanalytique ! Quelle générosité de la part de quelqu’un qui est devenu pour beaucoup une légende vivante ! De Chris, surnommé Du Ke Feng, passons à la Chine, dont la présence se fait de plus en plus sentir, et remercions Pierre-William Glenn et la CST d’avoir organisé une conférence et une rencontre avec des responsables de premier-plan du cinéma chinois, dont le célèbre réalisateur Zhan Jizhong, qui nous ont clairement exposé l’importance d’une collaboration artistique et technique entre nos deux pays.
Non, nous ne sommes pas seuls, et je laisse le mot de la fin à Barry Ackroyd, le président de la BSC, dans sa réponse à notre lettre d’hommage aux victimes de Manchester : « These events put into sharp focus what our priorities are and although cinema is merely a cultural tool, it’s a great tool to help make sense of this world. These events makes me more determined to want to use cinema and cinematography to end the war on civilians wherever it is. »