Us et abus dans l’audiovisuel

par Raphaël Garrigos

La Lettre AFC n°126

« C’est simple », soupire un réalisateur, « aujourd’hui les Assedic sont les sponsors des boîtes de prod. »
Et les arnaques à l’Assedic sont multiples. Un des arrangements les plus fréquents : sur un mois de travail, l’intermittent est déclaré 10 jours, et le reste est payé par les Assedic.
Autre exemple : le paiement d’une partie du salaire en droits d’auteur, qui n’entrent pas dans le calcul des Assedic. Plus vicieux : « On accepte, pour 20 jours de travail, de n’être payé que 1 200 francs (183 euros) par jour, témoigne un chef opérateur. En échange, la boîte de prod ne déclare que 10 jours, mais à 2 400 francs (366 euros) par jour. » Soit une grosse indemnité chômage à la clé.

Chacun y trouve d’ailleurs à peu près son compte : les intermittents de la télé sont plutôt bien payés et ont moins de difficultés que dans le spectacle vivant à atteindre la barre fatidique des 507 heures.
Selon Bernard Gourinchas, qui mène actuellement, à la demande du ministère de la Culture, une mission sur les abus du recours à l’intermittence, l’audiovisuel ne doit pas devenir « le bouc émissaire » du débat. Mais il reconnaît que « de mauvaises habitudes ont été prises ». Jean-Jacques Aillagon, ministre de la Culture, envisage quant à lui de décerner un « label de bonne conduite » aux boîtes de prod qui n’abusent pas des intermittents. Et les chaînes publiques n’auront le droit de sous-traiter qu’avec ces sociétés.
Reste les intermittents employés par l’audiovisuel public. France-Télévisions compte quelque 2 000 intermittents annonce la régularisation de nombre d’entre eux, notamment à France 3.
(Raphaël Garrigos, Libération, 20 octobre 2003)