Hélène Louvart, AFC, parle à Kodak de son travail en 35 mm et 16 mm sur "La Chimère", d’Alice Rohrwacher

par Kodak Contre-Champ AFC n°354

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Tournant en pellicule Kodak, la directrice de la photographie française Hélène Louvart, AFC, a mélangé les formats 35 mm et 16 mm et les rapports d’image pour fusionner réalité et imaginaire pour La Chimère, d’Alice Rohrwacher.

Se déroulant en Toscane dans les années 1980, le film suit Arthur, un archéologue anglais échevelé, fumeur invétéré et autrefois respectable. Récemment libéré de prison, il retourne, en train, vers le village où lui et sa bande hétéroclite de "tombaroli" (pilleurs de tombes) gagnent maigrement leur vie en trafiquant des antiquités étrusques qu’ils pillent dans de sombres catacombes souterraines.

Arthur rêve de Beniamina, la femme qu’il aimait, présumée morte, et rend visite à Flora, sa mère âgée et malade, qui vit dans une villa décrépie, entourée de filles prédatrices, et soutenue par Italia, une jeune femme de ménage qui garde secrètement deux enfants dans sa maison. Arthur aspire à retrouver Beniamina dans le monde des esprits, et la légende raconte qu’une porte secrète le relie au monde réel. Pourtant, malgré l’attrait des rêves et des visions de l’au-delà, sa connexion naissante avec Italia lui laisse entrevoir les trésors que la vie réelle peut receler.

Les tombaroli à l'œuvre dans "La Chimère", d'Alice Rohrwacher. - Image © Tempesta SRL.
Les tombaroli à l’œuvre dans "La Chimère", d’Alice Rohrwacher.
Image © Tempesta SRL.


La Chimère a été sélectionné en Compétition officielle au Festival de Cannes 2023. Il a été acclamé par la critique mondiale pour le portrait dressé par Alice Rohrwacher de l’Italie comme trésor de gloires passées et présentes, et félicité pour la fusion exaltante de réalisme et de magie du style cinématographique changeant d’Hélène Louvart.

Le tournage s’est déroulé sur deux périodes distinctes de cinq semaines, au cours des mois d’hiver et d’été 2022, dans ce qui fut l’ancienne Étrurie étrusque. Notamment dans la ville montagnarde de Montalcino et le long du chemin de fer Asciano-Monte Antico, dans le sud de la Toscane, les villes de Tarquinia, Blera, San Lorenzo Nuovo et Civitavecchia dans le nord du Latium, et de Castel Giorgio en Ombrie. Bien qu’il existe une abondance de passages souterrains, de catacombes et de chambres funéraires dans ces zones, les limitations d’accès ont obligé la construction d’ensembles souterrains spécialement pour le film. Le tournage a également eu lieu sur la plage de Frasca et à proximité de la centrale électrique au charbon de Torre Valdaliga Nord.

La Chimère marque la collaboration continue d’Hélène Louvart avec Alice Rohrwacher. Le duo avait déjà travaillé sur le drame initiatique Corpo Celeste (2011), tourné en 16 mm, Les Merveilles (2014), qui a remporté le Grand Prix du Jury au Festival de Cannes en 2014 et photographié par Hélène Louvart en 16 mm, le court métrage De Djess, en 2015, tourné en 35 mm, et le très acclamé Lazzaro Felice (Heureux comme Lazzaro) (2018), tourné en 16 mm.

La directrice de la photographie Hélène Louvart, AFC, sur le tournage de "La Chimère". - Photo de Simona Pampallona.
La directrice de la photographie Hélène Louvart, AFC, sur le tournage de "La Chimère".
Photo de Simona Pampallona.


« Les scénarios d’Alice sont toujours intéressants, et cette histoire sur le monde réel, les enfers et l’espace intermédiaire m’a vraiment intriguée », déclare Hélène Louvart à propos de ses premières discussions avec Hélène Rohrwacher à propos de La Chimère. « Au fil de chaque production, nous faisons évoluer notre style de narration visuelle. Corpo Celeste était entièrement cadré en caméra portée. Les Merveilles avait un style porté plus contrôlé, et j’ai cadré Lazzaro Felice en grande partie d’un point de vue subjectif, pour voir les choses à travers les yeux de Lazzaro.

« Nous voulions essayer quelque chose de différent pour cette production, mélanger différentes façons de filmer – en caméra portée, avec l’Easyrig, sur pied et sur travelling, en utilisant des objectifs à focale fixe et des zooms - afin d’avoir une caméra plus vivante et plus fluide que jamais auparavant.

« Nous voulions aussi trouver des moyens de séparer subtilement le récit de la vie quotidienne d’Arthur de ce qui se passe sous ses pieds, et de ses rêveries mélancoliques. Après quelques discussions, nous avons eu l’idée de mélanger les formats. Nous avons décidé de tourner en Super 16 mm au format 1,66 : 1 pour la vie quotidienne, en 35 mm 1,85 : 1 pour tout ce qui est étrusque, ou tout ce qui est lié aux esprits ou aux âmes étrusques sous terre, et en 16 mm standard en 1,33 : 1 pour les rêveries d’Arthur, les flashbacks de Beniamina et d’autres souvenirs. »

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https://youtu.be/TkIC8YI9-eU?si=wSWm9rU_uLbh1tDs