Présentation de la directrice de la photographie Sarah Blum, nouvelle venue à l’AFC

Par Agnès Godard, AFC, et Claire Mathon, AFC

par Agnès Godard, Claire Mathon Contre-Champ AFC n°345

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Récemment admise au sein de l’AFC, la directrice de la photographie Sarah Blum est présentée ici par ses deux marraines AFC, Agnès Godard et Claire Mathon, tel qu’elles l’ont fait au moment de proposer sa candidature aux membres du CA de l’association.

"Les images que Sarah Blum sait fabriquer avec une caméra", par Agnès Godard, AFC
J’ai rencontré Sarah lors d’une journée à La Fémis consacrée aux femmes à la caméra et formidablement organisée par le collectif Femmes à la Caméra. Ce fut une rencontre souriante et dynamique qui m’a donné envie d’y donner un prolongement. D’abord voir les images de Sarah.
Parmi elles celles de son travail, court métrage et documentaire, avec Alice Diop se sont imposées. J’y ai trouvé une rigueur, une justesse qui m’ont impressionnée. Que la caméra soit fixe ou en mouvement, j’avais l’impression que ce qui m’était donné à voir était si complet que je n’avais pas besoin d’en voir plus pour entrer dans l’intimité des personnes présentes à l’écran.
Tout était là, petit à petit, leur passé, leur présent qui menaient si brillamment à s’interroger sur leur futur, dans les pas d’Alice Diop. J’étais témoin de leur vie, j’accédais à tout ce que leur existence avait fabriqué avec elles et contre elles, à leur histoire.
La délicatesse des ambiances lumineuses, les cadres volontaires toujours empreints de générosité fabriquaient la preuve qu’il en était ainsi de la vie de ces personnes, dans toute leur dignité.
Nous avons gardé contact et au printemps dernier avons partagé un sacré bon moment au café.
Sarah m’a alors raconté son tournage en Serbie, en partenariat avec Louise Botkay sur le film de Vladimir Perisic, tourné en Super 16 en Serbie et présenté à la Semaine de la Critique cette année. La description de son engagement sur ce film, de sa mise en œuvre, de la collaboration, son goût du risque et du film m’ont enthousiasmée. Elle était d’une solidité séchante.
Lorsque j’ai vu le film j’ai retrouvé ce que j’ai vu des Balkans lorsque j’y ai moi-même tourné, la lumière des paysages, des intérieurs, la physionomie de cette partie de l’Europe et de ces habitants. Encore une fois, que la caméra soit fixe ou en mouvement, les images sont chorégraphiées. Elles dégagent ce que Sarah sait fabriquer avec une caméra.
J’ai deviné son envie d’appartenir à l’AFC et lorsque nous l’avons évoqué elle m’a dit qu’elle me ferait signe quand elle se sentirait prête.
Voilà c’est fait, c’est maintenant. Et je n’ai aucun doute qu’elle l’est totalement.

"Le bon moment pour que Sarah Blum rejoigne l’AFC", par Claire Mathon, AFC
J’ai rencontré Sarah Blum il y a environ 12 ans. Elle était sortie depuis quelques années de l’INSAS. Elle se posait des questions, cherchait des affinités. Elle avait, je me souviens, un rapport physique à l’image, elle était sensible à cette matière vivante.
J’ai depuis suivi son travail : de No Land’s Song, de Ayat Najafi, en passant par entre autres Vers la tendresse, d’Alice Diop, et tout récemment Lost Country, de Vladimir Perisic, projeté cette année à la Semaine de la Critique. Je sens son envie d’expérimenter, d’explorer à la frontière des genres, des cultures et des langues, entre documentaire, art plastique et fiction. Et je crois avant tout d’accompagner sans idée reçue chaque film, chaque rencontre.
Sarah aime partager, s’investir, apprendre des autres, aller vers les autres.
Avec Lost Country, je retrouve cette manière, ce plaisir à faire corps avec l’image. Ce beau long métrage de fiction est pour elle comme une nouvelle étape, riche et enthousiasmante et me semble le bon moment pour qu’elle rejoigne l’AFC.