Second tour

«  Je préfère idéaliser le réel, sinon pourquoi aller au cinéma ?  » (Michelangelo Antonioni)

Albert a une approche de ses films à la fois très poétique et très méthodique : le tournage en studio est la solution. On évite les aléas météorologiques, on peut tourner de nuit facilement… Et surtout on part du noir. On fabrique. On fabrique du faux mais avec l’envie que cela soit vrai.
L’envie que ça ne soit pas réaliste mais un monde rêvé, une fable…

Photo Jérôme Prébois


J’ai parfois l’impression qu’Albert travaille comme avec des calques : au tournage, l’essentiel ce sont les acteurs, du coup on se concentre sur le jeu. Et après le montage on ajoute le calque du décor. On s’appuie sur les VFX pour bricoler et créer le plan. Mais au départ, ce sont l’énergie des acteurs, la comédie, et principalement cela.

Beaucoup de fonds verts et au moment où l’on tourne, on ne sait pas quelle image sera incrustée dans les fonds verts. C’est vertigineux et en même temps passionnant, ça nous oblige à avoir des idées, à réfléchir à la lumière idéale pour la scène. Du coup, j’ai travaillé très étroitement avec Cédric Fayolle, le superviseur VFX, qui est un collaborateur de création très précieux.

Albert ne laisse rien au hasard. La préparation est une étape clef. Albert donne à tous ses collaborateurs un document avec un story-board très détaillé et beaucoup de notes de lumière, de cadre, de machinerie, de SFX… C’est une véritable bible. La prépa s’organise autour de ce document.

Photo Jérôme Prébois


Albert souhaite une image chaude et contraste. Il aime les lumières tranchantes. On a beaucoup discuté des lumières de Janusz Kaminsky, des partis pris forts, contre-jour, silhouettes… Et pour conforter ces mots, on a fait beaucoup d’essais. Trois séries d’essais en studio avec des moyens conséquents.

On teste des lampes à pétrole, des lampes de jeu, des lumières d’ordinateur, les flashs des journalistes… Au départ seul et si besoin on essaye de les rehausser légèrement

Pour le film qui navigue dans des mondes opposés (le monde politique et le monde rural), je souhaitais mélanger des lumières tungstène traditionnelles (Par, Maxibrut…) avec des lumières modernes (automatiques, SkyPanel…).
Avec Michel Sabourdy, le chef électro, nous avons fait pas mal d’essais avec des projecteurs automatiques, notamment pour la scène du meeting au début du film. On a constaté que la plupart ont un IRC très faible et lorsqu’on a fait un test sur un visage, ça ne pardonne pas… Un projecteur automatique est sorti du lot : le Khamsin-TC. Avec un IRC à peu près correct.
Les projecteurs automatiques en studio, c’est quand même très pratique. Avec un bon pupitreur, comme Eric Kirchhoffer, on gagne du temps. Le projecteur est entièrement télécommandé : position, largeur de faisceau, gobo, couleur, intensité.
Je tiens à remercier aussi Philippe Journet chez Impact qui nous a beaucoup aidés pour ces tests.

Photo Jérôme Prébois


Dans le scénario, il y a une scène où la journaliste a une révélation en lisant un document et on doit comprendre qu’elle passe la nuit à lire ce document. On a, avec Albert, l’idée de faire voyager la lumière pour montrer le temps qui passe. On fera plusieurs essais mais à chaque fois c’est peu convaincant. Mais une idée en amenant une autre, on arrive à la fin à un résultat satisfaisant. En combinant un projecteur sur rail puis un autre fixe que l’on découvre avec un drapeau pour faire l’effet des premiers rayons de soleil du matin.

Pour les premiers essais, j’ai préparé des LUTs très contrastes avant même les premiers essais. A l’aveugle. Commencer à penser la couleur et le contraste avant même d’avoir des images. Je fabrique une dizaine de LUTs. Tout cela pour éviter d’afficher la sortir REC709 sur le plateau, qui est une interprétation de constructeur souvent assez déprimante…
Ensuite on étalonne chez Mikros sur Baselight. Je montre à Natacha Louis, l’étalonneuse, le rendu sur mon MacBook. Très vite elle arrive à un résultat très proche, voire mieux. Au fur et à mesure des essais, on créera une quarantaine de LUTs pour le film pour finalement n’en utiliser qu’une seule sur tout le film. Olivier Patron, le DIT, ajustera les look et assurera le lien avec l’équipe SFX et le montage.

Tournage
Le film étant très bien préparé, le tournage est très rapide. On tourne à 2 caméras et la 3e prépare le plan d’après. Le but du jeu étant d’anticiper un maximum à tous les postes.
Le montage a lieu en parallèle dans les studios de Bry. Albert regarde les rushes le midi ou le soir et il n’hésite pas à retourner des plans ou des séquences. L’intérêt de ce dispositif, c’est que l’on n’hésite pas à prendre des risques lorsque l’on tourne chaque scène.

Étalonnage
Malheureusement j’étais en tournage en Allemagne pendant l’étalonnage. Natacha me tenait au courant régulièrement.

J’ai appris à connaître Albert durant toutes les étapes du film. On a créé un lien très amical et chaleureux et j’ai eu le privilège de l’accompagner dans son tour de France de promotion du film en Normandie. Ce fut un moment magique. Il aime profondément montrer le film au public, à tous les publics. Et avoir leur retour sincère.
Nous avons eu des discussions à bâtons rompus oscillant entre cinéma et philosophie, c’était passionnant. J’ai aussi découvert une famille de cinéma ou un cinéma de famille avec Catherine Bonzorgan, la productrice, Christelle Didier, directrice de postprod, Cedric Fayolle, Jean-Paul Plaza et d’autres. Preuve que l’on peut faire des films en faisant fi du microcosme parisien…

Bande annonce officielle :


https://youtu.be/78IsqTUJRiM?si=h5fZfdLz2y3b9oII

Portfolio

Équipe

Superviseur VFX et réalisateur seconde équipe : Cédric Fayolle
Cadreurs : Stéphane Martin & François Comparot
Premiers assistants opérateurs : Maxime Beauquesne & Arthur Schwarz
Seconds assistants opérateurs : Thibaud Roussel & François Morvan
DIT : Olivier Patron (Be4Post)
Chef électricien : Michel Sabourdy
Chef machiniste : Pierre-Loup Corvez
Etalonneuse : Natacha Louis

Technique

Matériel caméra : Next Shot (Arri Alexa Mini et série Cooke S4)
Matériel électrique : Transpalux et Impact Event
Laboratoire : Mikros Image (MPC Paris)

synopsis

Journaliste politique en disgrâce placée à la rubrique football, Mlle Pove est sollicitée pour suivre la campagne présidentielle en cours. Le favori est un quinquagénaire, héritier d’une puissante famille française et novice en politique. Troublée par ce candidat qu’elle a connu moins lisse par le passé, Mademoiselle Pove se lance dans une enquête aussi étonnante que jubilatoire.