Aillagon zappe le conflit

par René Solis

La Lettre AFC n°129

Le ministre de la Culture a évoqué les progrès du " plan de lutte contre les fraudes dans le spectacle vivant ", annonçant que, depuis septembre 2003, 138 entreprises du secteur ont été contrôlées, ainsi que plus de 80 sociétés audiovisuelles. Il a rendu publique une lettre qu’il vient d’envoyer à Denis Gautier-Sauvagnac, nouveau président de l’Unedic, où il indique qu’il sera " extrêmement attentif au suivi de la mise en œuvre " du nouvel accord d’indemnisation chômage, entré en vigueur le 1er janvier. Et il a annoncé des initiatives " dès cette année " pour réfléchir au système qui doit entrer en vigueur en 2005, insistant sur l’importance du travail mené par les commissions de l’Assemblée nationale et du Sénat, comme par le Conseil national des professions du spectacle.

Pour autant, il n’a apporté aucune réponse nouvelle à ceux qui estiment que l’accord de l’Unedic, tel qu’il est entré en vigueur le 1er janvier, met d’ores et déjà en péril tout le secteur de la création artistique. Mentionnant la poursuite des travaux de la mission sur l’avenir du spectacle vivant conduite par Bernard Latarjet, il a évoqué " le refus de quelques groupes de participer à ses travaux ". Imperturbable, le ministre continue d’évoquer " l’élaboration d’une loi-cadre sur le spectacle vivant " à l’issue du processus. Faisant mine de croire que le conflit des intermittents appartient au passé, alors qu’aucune des raisons de la colère n’a été désamorcée.
Jean-Jacques Aillagon a d’autre part confirmé la nomination, attendue, de Jérôme Bouët à la tête de la Direction de la musique, de la danse, du théâtre et des spectacles, la plus importante du ministère de la Culture. Il succède à Sylvie Hubac, nommée du temps de Catherine Trautmann. Il était directeur régional des affaires culturelles de la région Paca.

L’une des missions qui sont confiées à Jérôme Bouët concerne l’élaboration d’un " plan national pour l’emploi permanent dans les structures artistiques ", censé contribuer à intégrer les intermittents.
Comment ? Ce n’est pas l’augmentation annoncée pour 2004 de 4,4 % de l’enveloppe de 742 millions d’euros dont dispose la direction des spectacles qui permettra de créer ces emplois.
(René Solis, Libération, 15 janvier 2004)