Le médiateur du cinéma s’inquiète pour les salles indépendantes

La Lettre AFC n°208

AFP, 14 mars 2011

Le médiateur du cinéma, Roch-Olivier Maistre, s’inquiète dans son rapport annuel 2010 des retombées du développement des multiplexes pour les salles indépendantes situées en zone concurrentielle, de plus en plus fragilisées.
Selon les données du CNC, citées par le médiateur, les multiplexes représentaient 3,9 % des établissements et 34,5 % des entrées en 2000.

Dix ans plus tard, les 174 multiplexes en activité représentent 8,4 % des établissements et 57,1 % des entrées. « Loin de se stabiliser ce mouvement tend à s’amplifier : la fréquentation des multiplexes était en 2009 en augmentation de 10,1 % contre 5,7 % pour l’ensemble des salles ».
« Il résulte de ces évolutions de fond une difficulté croissante pour les salles indépendantes situées en zone concurrentielle que l’on ne saurait sous-estimer », souligne le médiateur.

« N’ayant pas vocation à programmer les films " grand public " et placés en situation de concurrence croissante sur les films " art et essai " dits " porteurs ", parfois même sur des films plus exigeants, leur économie s’en trouve fragilisée d’autant », ajoute-t-il en incitant les « pouvoirs publics » et « la profession » à se saisir de la question.
« Si 50 films ont concentré près de 60 % des entrées en 2009, a contrario, 44 % des films sortis en France ont réuni moins de 20 000 spectateurs et 60 % recueilli moins de 100 000 entrées.

S’agissant des modalités de mise en œuvre et de financement du déploiement de l’équipement numérique des salles de cinéma, le médiateur annonce qu’il sera particulièrement attentif « au respect des principes de transparence, d’objectivité et d’équité affirmés par la loi ».
« En permettant l’allègement des coûts de diffusion », souligne-t-il, « le numérique peut et doit être une chance pour l’ensemble de la profession, sous réserve que son déploiement ne soit pas synonyme d’une saturation des écrans par un nombre limité d’œuvres au même moment ».

Créée par la loi du 29 juillet 1982, la fonction de médiateur du cinéma, autorité indépendante, participe des mécanismes de régulation sectorielle de la concurrence dans le domaine du cinéma. Son rôle est de favoriser l’accès des salles aux films et des films aux salles et contribuer ainsi à la plus large diffusion des œuvres.
Il peut notamment intervenir dans les conflits relatifs aux conditions de placement des copies de films en première semaine ou exercer son pouvoir d’arbitrage sur les conditions dans lesquelles les films sont retirés de l’affiche.

(AFP, 14 mars 2011)