Espagne : La culture et le cinéma, saignés à blanc

Les chiffres que va annoncer le ministre de la Culture José Ignacio Wert sont impressionnants et touche l’ensemble des secteurs. Par exemple, on sait déjà que les musées Reina Sofia et Thyssen perdront respectivement 25 et 33 % de dotations de l’État. L’effondrement du budget de la Culture, dans le cadre du plus grand plan de rigueur que l’Espagne ait connu depuis l’avènement de la démocratie, va toucher aussi la production cinématographique. Ainsi L’Icaa (Instituto de la cinematografia y las artes audiovisuales), l’équivalent lointain du CNC ibère, perdra, en 2013, 30 % de sa dotation qui s’élévait à 68,86 M€ cette année. Le Fonds national de la cinématographie, qui aide directement la production de longs métrages, passera de 49 M€ à 30 M€ l’an prochain.

Les réseaux internationaux de coopération culturelle n’échappent pas aux restrictions. Dépendante du ministère des Affaires étrangères – qui perd plus d’un milliard d’euros de ressources en 2012 –, l’agence espagnole de coopération internationale pour le développement (Agencia española de cooperación internacional para el Desarrollo, AECID) est allégée de près de 50 % de son budget. Une diminution colossale quand l’on sait que de l’AECID dépend l’ensemble des Centros culturales de España (centres culturels d’Espagne), relais puissants de la culture espagnole dans le monde entier, et atout de poids dans les relations ibéro-américaines.
Le gouvernement de Mariano Rajoy démantèle donc la politique culturelle par un désengagement abrupt de l’État. Et ce ne sont pas les gouvernements autonomiques (les Comunidades) très puissants en Espagne, qui pourront palier la baisse des subventions d’État. On estime que le secteur culturel contribue à hauteur de 4 % au PIB espagnol et représente 600 000 emplois.

(Francois-Pier Pelinard-Lambert, Le film français, 27 septembre 2012)