Le cinéma européen indépendant peine à convaincre à l’Est

par Isabelle Regnier

La Lettre AFC n°128

En République tchèque, où la distribution est contrôlée à 78 % par trois sociétés, les films européens non nationaux que distribue Artcam sont relativement peu populaires. Artcam travaille presque exclusivement avec des petits cinémas pragois. Les multiplexes accaparent aujourd’hui 50 % du marché.
Dans toute l’Europe centrale, le secteur de la distribution est fortement concentré. En Pologne, trois distributeurs se partagent 67 % du marché. En Hongrie et en Lituanie, une seule compagnie domine, avec respectivement 63 % et 87 % de part de marché.
Dans l’ensemble de ces pays, la pénétration du cinéma américain est écrasante. En Lituanie, où la production nationale est faible, sinon inexistante, le cinéma européen non lituanien a plus de visibilité (17 %) qu’en Pologne, où la production nationale est importante (27 films en 2002). Le cinéma européen non polonais n’y dépasse pas 10 % de part de marché.
Pour Ivan Hronec, le directeur général de la société SPI International, la taille est la clé de l’indépendance. A l’origine, sa société basée en Slovaquie négociait des droits pour la télévision sur quatre territoires (Slovaquie, République tchèque, Pologne et Hongrie). Rapidement, la nécessité de se diversifier s’est imposée. Fort d’un réseau de relations développé avec le Studio Canal mais aussi Miramax et EuropaCorps, SPI International distribue désormais des films en salles et gère des droits vidéo dans ces quatre pays. Un effet de taille qui pénalise les films les plus fragiles achetés en grand nombre et ensuite négligés. La société a des partenariats avec un distributeur roumain et un bulgare. Ivan Hronec espère bientôt signer avec un Russe. D’ici peu, estime-t-il, les droits russes compteront pour la moitié du marché régional.
(Isabelle Regnier, Le Monde, 10 décembre 2003)