Les tournages en plein air nuisent à la planète

par Nicole Vulser

Le Monde, 19 avril 2008

Concept popularisé depuis 1992 par le WWF, l’" empreinte écologique " vise à mesurer l’impact des activités humaines sur le développement de la planète – dégradation des écosystèmes, production de toxiques... Pour la première fois, la Commission du film d’Ile-de-France, où s’effectue la très grande majorité des tournages de l’Hexagone, a commandé une étude sur " l’empreinte écologique d’un tournage " cinématographique.

Cette activité se caractérise par son nomadisme. Chaque film nécessite un lieu de tournage différent, situé généralement dans un cercle de 50 kilomètres autour de Paris. Les équipes de tournage font rarement appel à moins de cinq camions de matériel puisque tout ou presque doit être transporté sur chaque décor extérieur.
Or l’escalade technologique a tendance à provoquer une inflation des volumes à déplacer, si bien que certains gros films nécessitent quelques dizaines de camions. De façon paradoxale, les tournages effectués en zone rurale sont plus écolos : ils génèrent moins de déplacements, car tous les personnels restent sur place.

La consommation électrique, tout comme l’eau, est aussi un élément majeur de l’empreinte écologique d’un tournage. Si l’électricité du réseau EDF est généralement plus économique et évite de faire appel à un camion supplémentaire, les responsables des tournages préfèrent souvent un groupe électrogène, qui offre une bien plus grande souplesse de positionnement. La filière aimerait se passer de ces groupes électrogènes, non pas pour des raisons écologiques, mais plus prosaïquement parce qu’ils ne sont pas rentables.
Cette étude affirme que « d’un point de vue environnemental, les tournages en studio sont bien plus positifs » que ceux en extérieur. Elle suggère de ne conserver les tournages extérieurs que lorsque les décors naturels ne sont pas substituables. Comme la tour Eiffel, le Musée du Louvre, un pont sur la Seine...

Parmi les progrès qui pourraient être mis en oeuvre figurent des incitations au covoiturage pour aller sur les lieux de tournage ou encore un renforcement de la fourniture des branchements forains et la mise en place de zones de stockage des véhicules...
Dans un grand geste destiné à améliorer la planète, la Commission du film d’Ile-de-France propose de devenir le chef de file d’un projet de développement dans ce secteur.

(Nicole Vulser, Le Monde, 19 avril 2008)