Night of the Hunted

Paru le Contre-Champ AFC n°343 Autres formats

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La majorité du film se déroule de nuit dans une station-service isolée.
"On doit tourner en très peu de temps, avec peu de préparation, mais une volonté visuelle assumée et forte". C’est la description que m’a faite le producteur Alexandre Aja lors de notre premier échange téléphonique, trois semaines avant le début du tournage.

Avec Franck Khalfoun, le réalisateur, nous sommes instantanément tombés d’accord sur l’utilisation de l’anamorphique et de mouvements majoritairement à l’épaule.
Nous voulions être au plus prêt de l’action et dans la tête de l’héroïne. Vivre son angoisse, épouser son point de vue à chaque instant.

Une préparation réduite à son maximum impose d’aller à l’essentiel et droit au but.
Je me situe généralement plutôt du côté des opérateurs qui aiment préparer, mais j’ai beaucoup aimé l’impression que l’instinct prenne le dessus.
Et j’ai eu le plaisir et la chance d’être entouré de Franck et d’Alexandre avec qui nous partagions une grammaire des plans commune et une même logique cinématographique.
C’est très agréable d’avoir un univers et un langage commun. Ça fait aussi gagner beaucoup de temps.
J’ai eu beaucoup de plaisir à tourner ce film et l’impression d’avoir rencontré une branche de ma famille que je ne connaissait pas, tant nous avions les mêmes idées et marchions de concert dans les mêmes directions.

Pour rentrer dans le plan de travail très serré, j’ai pris le parti de concevoir une lumière 100 % intégrée au décor.
Nous avons isolé avec Franck chacun des endroits du Mini Mart où les actions se déroulaient.

Plan au sol des actions et déplacements
Plan au sol des actions et déplacements

Puis j’ai conçu les lumières du magasin en fonction (frigos, plafond, néons, spots extérieurs...) pour obtenir une lumière cohérente dans chacun des axes.
Un "reel" qui fonctionne dans chacun de ces endroits sans réajustements.

Plan de prélight sommaire
Plan de prélight sommaire

L’unique projecteur au sol sur quelques plans est un Mini (DMG Rosco) pour une direction ici et là quand les allées étaient trop "plates".

Un unique projecteur
Un unique projecteur

Nous avons aussi équipé les pompes à essence de "boîte à lumière" ainsi que le auvent extérieur et les enseignes.

Le film s’est tourné dans la chronologie pour que le décor soit détruit au fur et à mesure.

Côté caméra, j’ai opté pour la RED V-Raptor pour son rendu colorimétrique et sa petite taille / poids plume qui nous permettait de nous caler dans les tous petits endroits comme derrière le comptoir ou dans les étagères.

Petits espaces
Petits espaces

Et tourné sur trois objectifs FF anamorphiques X2 (40 mm / 60 mm / et 100 mm Xelmus Apollo). Les Xelmus ont un minimum de mise au point incroyable et cela a rendu une grande partie des plans possibles.

Close focus
Close focus

J’ai ponctuellement utilisé quelque objectifs sphériques pour des effets. Un 300 mm pour les points de vue fusil à lunette, un Lensbaby customisé pour la vision troublée et un Probe Lens pour de la macro "au cœur de l’action".

Macro avec objectif Probe
Macro avec objectif Probe

J’étais littéralement "collé" à la comédienne principale pendant la majeure partie du film.

Close focus 40 mm Xelmus
Close focus 40 mm Xelmus

Dans des recoins du décor, caché comme elle pour échapper au tirs.
Le parti pris était que la caméra traduise la psyché de notre héroïne.
Nous avons poussé jusqu’à tenter de nous caler sur les mêmes rythmes de respiration, et régulièrement fait des POV où je reprenais les mêmes positions, trajets et chutes que Camille. Autant dire que le tournage a été physique. Et je salue la performance de Camille Rowe qui ne s’est jamais économisée, au point que nous avons parfois dû la retenir de faire certaines de ses cascades.
Le tout avec une bonne humeur constante et communicative.

La machinerie s’est résumée à une Dana dolly pour les rares travellings "propres",

Dana dolly sur comptoir
Dana dolly sur comptoir

chaussée d’un Ronnin 2 opéré au joystick ou parfois supporter par un ready rig

Ronnin 2
Ronnin 2

et quelques Installations de borniols pour prolonger la nuit.

Pour le workflow, nous avons enregistré en RAW + ProRes Log directement sur la RED. Cela a permis à mon DIT, Henry Mann, de calculer les proxies montage plus rapidement pour les envoyer via Frame IO au monteur Stéphane Roche et son assistant Charlelie Prin qui travaillaient à Paris.
J’ai utilisé une LUT principale sur l’ensemble du film que j’ai conçue durant le prelight sur Resolve.
L’étalonnage a été finalisé sur Baselight chez Color à Paris avec Jérôme Brechet.
Frank Mettre a assuré la direction de postproduction, Digital District les VFX.
Un grand merci en passant à l’équipe de Color qui nous a accueillis chaleureusement.
Et particulièrement Francois Aubé que je retrouvais avec plaisir après les années LTC et Varujan Gumusel qui nous a chouchoutés.

Équipe

1er assistant opérateur : Lawrence Montemayor
2d assistant opérateur : Curtis Davis
DIT : Henry Mann
Chef machiniste : Grant Gilligan
Chef électricien : James Krattiger
Directeur de postproduction : Frank Mettre
Etalonneur : Jérôme Brechet

Technique

Matériel caméra : Camtec (RED V-Raptor, Xelmus Apollo, 300 mm Pentax, Lensbaby custom)
Matériel machinerie : KungFu Grip
Matériel électrique : Redman
Labo : Color Paris, console FilmLight Baselight
Effets spéciaux : Digital District

synopsis

Alors qu’elle s’arrête dans une station-service éloignée en pleine nuit, une femme devient la proie d’un tireur d’élite sociopathe avec une vendetta secrète. Pour survivre, elle doit non seulement échapper à ses tirs et se battre pour sa vie, mais aussi découvrir qui veut sa mort et pourquoi...